Intervention de Pascal Teixeira Da Silva

Réunion du mardi 18 décembre 2018 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Pascal Teixeira Da Silva, ambassadeur chargé des migrations :

Ces questions dépassent de beaucoup et ma compétence et l'objet du Pacte. Je rappellerai simplement que les causes structurelles de l'immigration ont été amplement discutées au cours de la négociation et du processus préparatoire. Dans l'objectif n° 2, qui est consacré à cette question, les signataires du pacte s'engagent « à faire en sorte que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 soit pleinement exécuté dans les délais, et à développer, par des investissements adéquats, l'application d'autres cadres (…) ». Les questions sous-jacentes sont effectivement celles du développement, de la répartition des richesses et de l'accès à la formation et à l'emploi. Il y aurait sans doute eu beaucoup à dire, et le contenu de cet objectif a été enrichi au cours de la négociation, mais les co-facilitateurs ont pris une sage décision en s'en tenant à rappeler les engagements, les textes, les cadres et les objectifs fixés par ailleurs sur les questions de développement au sens le plus large plutôt que d'ouvrir un débat qui aurait débordé le mandat qui leur était donné et le temps imparti à la négociation. Mais, sur le fond, vos remarques sont tout à fait justifiées.

Le Maroc a proposé d'héberger cette conférence. C'est aussi à Marrakech que se tenait, juste avant cela, le 11e Forum mondial sur la migration et le développement. Le Maroc, lui-même confronté à ces défis, a une politique active, sur le plan international et sur le plan régional, en matière migratoire. Pays d'origine, pays de transit et pays de destination, il connaît une augmentation de quelque 135 % des flux irréguliers à travers la Méditerranée par la route occidentale. Il fait beaucoup, mais il a souhaité le soutien de ses partenaires, notamment l'Union européenne. Les flux existent bel et bien : les migrants passent donc, essentiellement par des voies terrestres mais aussi par la voie aérienne, car le Maroc n'a pas institué d'obligation de visas pour les ressortissants de certains pays d'Afrique de l'Ouest. L'aéroport de Casablanca offre de nombreuses connexions et l'on sait que des gens arrivent légalement au Maroc et poursuivent ensuite leur chemin vers l'Espagne pour y entrer de façon non régulière.

Le Maroc essaye de gérer au mieux ce phénomène mais il souhaite être soutenu dans cet effort. L'Union européenne a répondu à cette demande en débloquant récemment 140 millions d'euros pour l'aider à contrôler ses frontières. Nous nous sommes aussi engagés, sur le plan bilatéral, à coopérer dans la lutte contre les réseaux de passeurs, puisque pratiquement aucun migrant irrégulier ne franchit des frontières sans recourir à ces sinistres prestataires de services. C'est donc un sujet de coopération bilatérale, régionale et euro-africaine, et nous nous réjouissons qu'un objectif lui soit consacré, et qu'un autre porte sur la traite des êtres humains, phénomène parfois connexe.

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