Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 6 mars 2019 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Monsieur le secrétaire général, monsieur l'ambassadeur, nous vous recevons aujourd'hui avec un intérêt ardent. Je partage l'analyse de quelques-uns d'entre nous : l'UPM est une bonne nouvelle car tous les cadres de dialogue sont les bienvenus, surtout dans une région comme celle-là, mais la vérité est que le dispositif baptisé pompeusement processus de Barcelone est une réplique de l'Allemagne à la construction que nous appelons « 5+5 » et qui était à l'époque « 5+4 ».

Il est clair qu'en prenant tout le bassin méditerranéen, le moindre projet bute aussitôt sur le fait que la guerre y est présente depuis bientôt deux mille cinq cents ans. On ne vous en voudra pas, monsieur l'ambassadeur, si elle n'a pas cessé depuis que vous êtes là. Nous avons Chypre, Israël, la Turquie, la Grèce, la Syrie, la Libye et, en plus, un partenaire que personne n'a invité – en tout cas pas moi – mais qui est là, armé jusqu'aux dents, alors qu'il n'a aucun rivage commun avec la Méditerranée : les États-Unis d'Amérique, avec leur sixième flotte qui n'obéit qu'au commandement américain, composée de 21 000 hommes, 40 navires, 175 avions.

Dans ces conditions, tout est difficile, et je veux saluer votre mérite, monsieur le secrétaire général. Comme Français, je suis plus attentif au format « 5+5 », que je crois être le cadre du petit bassin méditerranéen le plus adapté et le plus conforme à nos intérêts. Je comprends bien que cela puisse ne pas plaire à telle ou telle puissance en Europe, en particulier à l'Allemagne qui a eu moins de scrupules pour organiser ce qu'elle considère comme son arrière-cour. Pour ce qui concerne les règlements en mer, nous sommes beaucoup plus avancés en Baltique qu'en Méditerranée sur tous les sujets, en particulier les pollutions liées aux croisières et les forages. Je vais aborder immédiatement ces sujets pour concentrer mon propos sur les questions urgentes qui sont en suspens.

En mer Méditerranée commencent des forages en eau profonde. C'est un fait nouveau. Ils vont être importants à Chypre et en face de la façade orientale, vers la Jordanie et Israël. De quels moyens dispose-t-on pour assurer la sécurité de ces forages ? Je ne parle pas seulement des moyens militaires, je parle aussi des moyens techniques qui permettraient, le cas échéant, de faire face à un problème. À ma connaissance, il n'existe aucun moyen, aucun appareil permettant une intervention humaine en Méditerranée, une mer infiniment fragile. La Méditerranée ne pourrait pas supporter le choc qu'a encaissé le golfe du Mexique lorsque les installations pétrolières ont explosé. L'eau de la mer Méditerranée met cent ans à se renouveler puisque tout passe par l'étroit détroit de Gibraltar qui fait treize kilomètres de large. Quels sont les moyens ? Comment tous ceux qui ont à en connaître et qui ont des responsabilités politiques font-ils face à cette question ?

Qu'allons-nous faire, à très bref délai, sur la question des pollutions liées aux croisières ? Le Marseillais que je suis – et je ne suis pas le seul dans cette salle – peut-être très inquiet.

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