Intervention de Valérie Boyer

Réunion du mercredi 6 mars 2019 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Je me souviens que le premier sommet de l'UPM avait été organisé en 2008 à Marseille. Le choix de Marseille était lourd de sens, car il s'agit de l'une des plus anciennes villes de la Méditerranée, fondée il y a deux mille six cents ans, et qui occupe une place à part en France et en Méditerranée. Pour les vrais Marseillais que nous sommes (Sourires), c'est la capitale d'une région résolument tournée vers la mer, une ville cosmopolite où les horizons se croisent et échangent, un port où les destins sont forcément communs. Vivre des deux côtés de la Méditerranée rend la région Sud dépositaire d'un héritage riche de plusieurs millénaires, où les villes sont unies par des liens culturels géographiques, historiques et économiques.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui avait eu cette très belle idée de l'UPM, nous avions dit que la rive Nord avait tout à gagner à ce que le bassin méditerranéen soit un lieu de paix, de prospérité et de stabilité. Cette idée aurait pu permettre de limiter les flux migratoires, l'importation du terrorisme, les catastrophes écologiques et humaines. Mais s'il est vrai que la rive Sud est très aidée, avec différents projets, il n'y a pas de dynamique.

Les printemps arabes, qui se sont révélés être des hivers, ont contribué à l'affaiblissement, voire à la disparition du paysage diplomatique de l'UPM. Mais au-delà de ces événements, je pense que vos difficultés sont aussi liées aux divergences au sein de l'Union européenne. Nos collègues ont évoqué le jeu de l'Allemagne, qui a empêché l'UPM de jouer pleinement son rôle et qui ne s'est pas gênée pour discuter directement avec la Turquie ou même avoir son union pour la Baltique sans passer par ses amis et partenaires. C'est cela qu'il faut changer. Mais en voyant le Président de la République s'adresser directement aux Européens en passant par-dessus la tête des chefs d'État, je me dis que cette diplomatie du mépris ne va pas nous aider à régler les problèmes auxquels nous faisons face.

Or ils sont énormes. Je pense bien sûr aux flux migratoires et à la tombe qu'est devenue la Méditerranée. Tout à l'heure, Guy Teissier – un Marseillais – évoquait les grands projets. Nous devrions aussi travailler à la régulation de la démographie sur la rive Sud, promouvoir la liberté et le respect des femmes.

La phrase de Jean Monnet, « nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes », devrait s'appliquer à l'UPM. Celle-ci doit affirmer son rôle, celui d'une union de projets d'intérêt commun, destinés à préserver la richesse fragile, écologique, humaine, culturelle ou politique, de Mare Nostrum.

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