Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 20 mars 2019 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères :

Je vous prie de m'excuser car, ayant des obligations protocolaires, je devrai partir tôt et ne pourrai donc répondre à toutes vos questions. Plutôt que de répondre à toutes de manière lapidaire, je préfère approfondir quelques réponses.

S'agissant de la Chine, madame Tanguy, la nouveauté, qui date de lundi dernier, c'est la communication conjointe de la Commission européenne et de la Haute Représentante, Mme Mogherini, sur la relation stratégique que doit avoir l'Union avec la Chine. C'est un document important qui comprend dix mesures, dont la mesure six que vous avez évoquée. Ce texte fera demain l'objet de discussions au Conseil européen en vue d'adopter une position commune pour le sommet UE-Chine du 9 avril. Sur ces mesures est intervenu lundi dernier un accord de principe des ministres des affaires étrangères.

Pour ce qui est du fonds Brexit, comme je l'ai dit à la conférence des régions périphériques maritimes à laquelle vous faites référence, ce fonds est une demande de la France dans le cadre financier pluriannuel 2021-2027.

Monsieur Maire, il est vrai qu'il s'est produit de nouveaux incidents au Mali, à Dioura, il y a quelques jours, mais parallèlement se sont déroulées ces derniers temps des opérations couronnées de succès. La situation reste toujours fragile. Nous avons trois priorités au Mali. La première est la sécurité, que nous renforçons par le biais de la force conjointe du G5 Sahel et la fourniture d'équipements à cette force. C'est aussi l'objectif de la réunion que je présiderai le 28 mars à New York, qui réunira nos partenaires de la force du G5 et ceux du Conseil de sécurité. Le but est que la sécurité de ces pays soit assurée à terme par les Africains eux-mêmes. Il faut amener progressivement ces forces à s'organiser. Ce n'est pas simple car cela suppose des modifications de comportement, de culture, mais il faut pousser les Africains à s'organiser pour assurer leur propre sécurité à l'égard des trafiquants et des terroristes.

La deuxième priorité au Mali est la priorité politique. Vous avez, monsieur Maire, noté des progrès, en particulier le fait que le nouveau Premier ministre malien, M. Maïga, mène des actions fortes. Les choses ont plus avancé en six mois que depuis la signature de l'accord d'Alger en 2015, du fait de la décentralisation et de la mise en oeuvre du processus « Désarmement, démobilisation et réintégration » (DDR).

La troisième priorité est le développement, sans lequel on ne peut traiter les causes profondes de l'instabilité. C'est l'objet de l'Alliance Sahel. Les premiers résultats concrets apparaissent, avec plus d'un milliard de financement de projets en 2018. Nous choisissons d'intervenir dans les zones les plus vulnérables, en faisant en sorte que l'ensemble des acteurs – Agence française de développement (AFD), opérateurs européens, Banque mondiale – agissent de concert pour que la mise en oeuvre soit rapide quand les groupes terroristes quittent un territoire, afin que le développement soit un facteur de stabilité et de sécurité. Nous aurons l'occasion de reparler des orientations du développement puisque je dois présenter au Parlement la loi sur la coopération et le développement dans les mois qui viennent.

Nous sommes très vigilants, madame Trisse, sur la question de la Russie et du Conseil de l'Europe. Nous avons en ce moment des discussions avec la présidence finlandaise et l'Allemagne. La mesure prise à l'encontre de la Russie, la suspension de sa présence à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, était liée à l'annexion de la Crimée par la Russie, qui a en conséquence de cette suspension interrompu le paiement de sa part budgétaire. Nous essayons de trouver une issue, en lien avec l'actuelle présidence et dans la perspective de la nôtre. J'ai évoqué la question à plusieurs reprises avec mon homologue M. Lavrov ; nous sommes dans un état d'esprit constructif.

Monsieur Julien-Laferrière, s'agissant des enfants en Syrie, je comprends les émotions, mais les mères combattantes sont des mères combattantes. On ne parle d'ailleurs que des femmes victimes de l'idéologie, alors que des hommes aussi peuvent en être victimes ; malheureusement, c'est paritaire ! L'autorité maternelle ou paternelle est là. Sur les orphelins, notre position est claire. Pour les autres enfants de Français, nous gérons les problèmes au cas par cas, en lien avec la Croix-Rouge. J'ai été ministre de la défense, j'ai connu les attentats, j'ai rencontré les victimes des attentats à Paris en 2015, ma position est très claire.

Sur le principe, nous sommes d'accord avec la déclaration sur les bombardements des civils. Nous coopérons régulièrement avec la Croix-Rouge internationale sur le droit humanitaire international. Cette cause est juste.

Les élections aux Comores, madame Ali, auront lieu le 24 mars pour le premier tour et le 21 avril pour le second tour. L'assistance au processus électoral est assez forte puisqu'il s'y trouve des missions des Nations unies, de la Commission de l'océan Indien, de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l'Union africaine, qui doivent toutes vérifier si les élections se déroulent normalement. Il y a donc du monde. Il est important pour les Comoriens que le processus électoral se déroule dans les meilleures conditions. Nous n'envoyons pas directement de représentants sur place, même si la Cour suprême, en décidant de ne pas valider les candidatures de deux représentants de l'opposition, a ravivé les préoccupations, mais nous comptons sur les missions d'évaluation pour nous permettre de porter un jugement définitif sur cette élection. Nous avons eu l'occasion de le dire au président Azali et à mon homologue des affaires étrangères, M. Souef.

Je pense que j'ai répondu sur le Liban, monsieur Kokouendo. La conférence « Bruxelles III » a décidé des financements particuliers sur les réfugiés, en particulier au Liban et en Jordanie. La question de fond, c'est qu'on ne peut pas demander aux réfugiés de retourner en Syrie sans que les conditions d'accueil soient respectées. Dès lors, outre les aides aux États d'accueil, l'aide au processus politique est indispensable. Nous sommes favorables au développement de l'aide humanitaire.

Monsieur Teissier, le mouvement en Algérie est massif, ce sont des millions de manifestants dans tout le pays, semaine après semaine. Nous constatons que le mouvement est divers, on y trouve des jeunes, des femmes, des syndicats, des figures de la guerre d'indépendance, des intellectuels… Il n'est pas unitaire, même s'il exprime des aspirations convergentes. J'ai noté que les slogans que scandent les manifestants n'étaient pas des slogans religieux…

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