Intervention de Didier Guillaume

Réunion du jeudi 8 novembre 2018 à 10h15
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Madame Limon, vous avez évoqué l'augmentation du nombre de doses d'unités de pesticides utilisées en France entre 2016 et 2017. En vérité, les données indiquées dans le projet de loi de finances pour 2019 ne concernaient pas l'année 2017, mais l'année 2016. Il y a toujours un an de décalage.

Sur le plan de formation, je ne peux vous en dire davantage à ce stade. Je vais réunir, dans les semaines qui viennent, les responsables de la formation agricole pour dresser le bilan de l'enseignement de la transition agroécologique. Une fois formés, les jeunes doivent mettre en pratique ce qu'ils ont appris. La transition agroécologique reste encore difficile dans notre pays compte tenu du poids des habitudes. Les jeunes en seront les véritables fers de lance.

S'agissant du soutien financier aux agriculteurs, aucun dispositif particulier n'est prévu pour l'instant. En revanche, des mesures de droit commun existent. Les possibilités doivent en être examinées avec les chambres d'agriculture.

J'en viens aux questions de M. Jean-Yves Bony. L'Europe est évidemment un sujet essentiel. Dans le passé, les fruits espagnols qui arrivaient chez nous étaient moins chers que les fruits français vendus dans nos supermarchés. Nous pouvions éventuellement nous dire que le climat de l'Espagne y était pour quelque chose, mais c'est aujourd'hui l'Allemagne qui nous prend des parts de marché avec ses légumes. Le problème est en réalité un problème de dumping social, mais aucun parlementaire ici présent ne demande que l'on supprime le SMIC et que l'on baisse le taux horaire. Le Gouvernement a mis en place une baisse des charges généralisée qui, comme le montrent les résultats de ce mois-ci, produit ses effets dans tous les secteurs, y compris l'agriculture. Lors du vote sur la disposition relative aux travailleurs saisonniers, il y a quelques jours, les députés ont ajouté 105 millions d'euros au budget initial pour soutenir certains secteurs.

Aujourd'hui, la bataille que nous devons mener est celle de l'harmonisation sociale et économique de l'Europe. Le chef de l'État et le Gouvernement y sont résolument engagés. Votre observation, Monsieur Bony, est donc essentielle. Sans cette harmonisation au niveau européen, nos agriculteurs continueront de se dire que l'Europe n'est pas bonne pour eux parce qu'elle leur taille des croupières.

Un conseil des ministres de l'agriculture et de la pêche a lieu dans quinze jours et j'ai bien l'intention d'y aborder ces sujets. Nous ne les réglerons pas demain, de toute évidence, car ils traînent depuis trop longtemps, mais nous devons les mettre sur la table. La concurrence déloyale, ça suffit ! Je ne peux pas expliquer à nos arboriculteurs qu'ils travaillent moins bien que leurs collègues espagnols, ni à nos maraîchers qu'ils travaillent moins bien que leurs collègues allemands. Nous devons prendre nos responsabilités, mais les prendre dans le cadre européen. En ce sens, les élections européennes de mai prochain seront un moment essentiel pour affirmer notre position. Ce Gouvernement n'est pas pour le protectionnisme absolu, c'est certain, mais il refuse le dumping social.

Quant à la start-up d'État, sa création n'a rien d'un effet d'annonce. Ce n'est pas le style du Président de la République, dont les déclarations sont toujours suivies d'effets. La start-up d'État fait actuellement l'objet d'une réflexion au niveau interministériel. Nous ne savons pas encore exactement quel sera son mode de fonctionnement. Il s'agit d'un dispositif nouveau, qui exige quelques mises au point, mais nous pourrons indiquer dans les prochaines semaines comment la plateforme verra le jour.

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