Intervention de Didier Guillaume

Réunion du jeudi 8 novembre 2018 à 10h15
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Je vous accorde que tout cela ne va pas assez loin. Nous en avons parlé lors de l'examen du budget vendredi dernier.

En ce qui concerne les alternatives aux pesticides que vous avez citées, je suis personnellement très favorable aux cépages résistants. Nous devons accélérer la recherche dans ce domaine. Le déploiement des certificats d'économie de produits phytopharmaceutiques a été pérennisé dans la loi EGALIM, mais il faut aller plus loin.

Nous ne travaillons pas uniquement en silos, comme vous avez pu le remarquer ce matin. Avec M. François de Rugy, nous n'agissons pas dans la cacophonie, mais dans la stéréophonie ! Vous l'aurez remarqué ce matin, nous sommes dans le même bateau.

Quand j'avais vingt ans et que je prenais ma voiture, mon pare-brise était couvert d'insectes après seulement quelques kilomètres de route. Quand je me promenais dans la campagne drômoise, je voyais des alouettes et, au bord des rivières, des écrevisses. Aujourd'hui, nous faisons tous le constat que la biodiversité est en danger. Il n'y a quasiment plus d'abeilles. Le Gouvernement de la France en est fortement préoccupé.

Il faut aller vers plus de recherche dans le domaine de la création variétale et des semences. Nous ne devons pas avoir peur de dire les choses.

En ce qui me concerne, je refuse d'opposer les agricultures : d'un côté, l'agriculture conventionnelle, productive, qui exporte et permet à la France d'avoir une balance commerciale excédentaire de 6 milliards d'euros ; de l'autre, les circuits courts et l'agriculture biologique. Mon département, la Drôme, est le premier département bio de France : 20 % de la surface agricole utile (SAU), 50 % de produits bio dans les cantines.

Il ne faut pas non plus nous reprocher de ne pas faire assez. Si la recherche réussit à trouver des plantes résistantes qui n'ont pas besoin de beaucoup d'eau, nous ne pourrons que nous en féliciter. Les sélections variétales ne me font donc pas peur. Nous avons la chance d'avoir en France des instituts de recherche très importants. Je pense en particulier à l'INRA, qui mène un travail exceptionnel. Dans le cadre du plan « Écophyto », 8 millions d'euros sont prévus pour la recherche. Le programme prioritaire de recherche annoncé par la ministre Mme Frédérique Vidal se verra doté de 30 millions d'euros. Les recherches engagées par l'INRA, l'Association de coordination technique agricole (ACTA) et les sociétés semencières vont dans la bonne direction. J'aimerais bien entendu que le changement soit plus rapide et que l'utilisation des produits phytosanitaires baisse davantage, mais je constate que l'agriculture se transforme.

Pour terminer, et parce que nous sommes réunis au sein de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, j'aimerais vous livrer une réflexion qui vous paraîtra peut-être provocatrice. Certains Français peuvent se permettre de payer des produits plus chers, d'autres non. Or, je ne veux pas d'une agriculture et d'une alimentation bonnes pour les riches, et d'une agriculture et d'une alimentation moins bonnes pour les pauvres. Justifier que certains produits soient vendus trois euros plus chers par le fait que ce sont de bons produits revient à cautionner l'existence de mauvais produits. Ce n'est pas ma position. Aujourd'hui, les produits issus de l'agriculture française sont tous bons…

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