Intervention de Pieyre-Alexandre Anglade

Réunion du jeudi 11 avril 2019 à 11h10
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPieyre-Alexandre Anglade :

Certes, mais en attendant, je suis convaincu que notre génération a une responsabilité extrêmement importante. Le choix qui s'offre à nous est simple : soit nous continuons de gérer l'Union comme elle va, et elle disparaîtra dans le fracas du monde, comme l'illustre le Brexit, soit nous nous engageons résolument en faveur de sa refondation et de sa transformation, et alors nous pourrons dessiner un avenir plus radieux pour les générations à venir.

Nous débattons dans un moment particulier qui ne ressemble à aucun autre, comme l'a montré le sommet d'hier soir. S'y ajoutent des menaces géopolitiques et la remise en cause de l'ordre international, à laquelle vous serez rapidement confrontée. Ce moment confère à la France une responsabilité particulière et nous ne saurions faire comme si les temps que nous vivons étaient ordinaires. Je le dis parce que c'est votre première audition à l'Assemblée nationale et parce que, d'ici aux élections européennes, nous devrons faire vivre le débat européen. Or je constate la manière dont ce débat s'engage en France, ou plutôt dont il ne s'engage pas, et je suis assez inquiet. Hier soir, j'ai accompagné Stanislas Guerini au débat télévisé entre les chefs de parti : sur trois heures de débat, les deux premières ont porté sur l'état de la France et l'Europe n'est arrivée qu'en dernière heure, alors que les élections européennes auront lieu dans un mois et demi. Ce n'est ni de votre faute ni de la nôtre, mais c'est très inquiétant. Au lendemain d'un sommet important sur le Brexit, aucun membre de l'opposition ne s'est déplacé pour vous écouter ; là encore, je trouve cela très dangereux.

De surcroît, bon nombre des sujets évoqués par les citoyens dans le cadre du grand débat national trouveront un écho européen, comme vous l'avez souligné dans votre présentation, madame la secrétaire d'État. Cette élection européenne est aussi importante parce qu'elle servira à valider certaines orientations politiques, en matière environnementale notamment, qui auront été présentées aux Français. Nous devons selon moi débattre ici, au sein de la commission des affaires européennes, des orientations que le Président de la République proposera dans les prochaines semaines.

J'en viens au Brexit. Certains ont évoqué l'isolement du Président de la République hier, à la réunion du Conseil. Quant à moi, je dis ceci : heureusement que la France était là et que le Président de la République a défendu une position extrêmement dure et ferme afin que le Brexit soit le plus concis et le plus rapide possible ! Nombreux étaient ceux de nos partenaires européens qui, au contraire, se dirigeaient vers un Brexit long, qui priverait l'Union de sa capacité à réformer dans les semaines et les mois à venir. Sans doute la solution trouvée n'est-elle guère satisfaisante puisque les Britanniques seront présents dans le prochain Parlement européen, qu'ils participeront à la mise en place de ses institutions, à l'attribution des responsabilités et aux groupes politiques. Ceux qui pensent que les Britanniques ne se mêleront pas de ce qui se passera dans le prochain Parlement se trompent : les députés britanniques participeront aux travaux des groupes politiques. Je vous encourage, madame la secrétaire d'État, en tant que représentante de la France au Conseil, à conserver cette position de fermeté non pas pour punir le peuple britannique, comme certains voudraient le faire croire, mais parce que c'est l'intérêt de la France et de l'Union. Je vous encourage à poursuivre dans cette voie et je salue l'action de la France hier soir, au Conseil.

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