Intervention de Alain David

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères (Action audiovisuelle extérieure) :

Je souhaite aborder, pour ma part, la question de notre audiovisuel extérieur. Comme vous le savez, l'audiovisuel public extérieur est un outil précieux pour notre diplomatie, reconnu dans le monde entier. Sa place pourrait être confortée par les engagements du Président de la République, s'ils étaient financés – je pense tant au plan pour la langue française et le plurilinguisme, annoncé à Ouagadougou en novembre 2017, qu'à notre partenariat avec l'Afrique.

L'audiovisuel extérieur est un vecteur pour notre langue, pour nos valeurs dans le monde, pour le rayonnement de la France dans les domaines culturel et économique. Les élections européennes, cette année, ont rappelé qu'il pouvait aussi contribuer à la relance du projet européen. Or, malgré ces ambitions fortes, les acteurs de l'audiovisuel public extérieur ont à nouveau dû composer avec d'importantes réductions budgétaires qui mettent en cause leur capacité à atteindre les objectifs fixés. La trajectoire des contrats d'objectifs et de moyens (COM) a été revue à l'été 2018. Dans le cas de France Médias Monde, par exemple, après une première baisse de 1,9 million d'euros, en 2018, de la dotation budgétaire prévue initialement, une nouvelle baisse de 1,6 million a dû être absorbée en 2019. Ce changement de trajectoire pose la question de la valeur et du respect des COM, qui sont pourtant soumis aux parlementaires. Je souhaitais également vous interroger, monsieur le ministre, sur les solutions envisagées pour permettre à France Médias Monde de pallier cette baisse de financement et de faire face à l'effort supplémentaire attendu pour la période 2020-2022, à hauteur de 1,9 million. Il s'agit non pas de remettre en cause la participation de France Médias Monde ou de TV5 Monde à l'effort d'ensemble qui est attendu de notre audiovisuel public, mais de veiller à renforcer la visibilité et la stabilité des ressources allouées et à se donner les moyens d'être à la hauteur de nos ambitions.

Je rappellerai à cet égard le contexte de forte concurrence auquel est soumis notre audiovisuel extérieur de la part de pays aussi différents que le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Russie ou encore la Chine, qui distribuent ou prêtent des milliards à l'Afrique. À l'heure de la guerre de l'information, et face à la nécessité de lutter contre la désinformation, la France réduit les moyens alloués à son audiovisuel extérieur, à rebours de tous nos concurrents, et alors même que notre audiovisuel rencontre d'importants succès. France 24 demeure, par exemple, la chaîne d'information la plus regardée en Afrique francophone et a confirmé sa position de média de référence lors des récents événements en Algérie, comme cela avait été le cas, précédemment, en Tunisie – et, d'une manière générale, dans toute l'Afrique, voire dans le monde entier. Dans ce contexte de concurrence accrue, entendez-vous renforcer les moyens alloués à la coopération audiovisuelle extérieure avec nos partenaires européens, à commencer par l'Allemagne, comme le prévoit le traité d'Aix-la-Chapelle ? Monsieur le ministre, alors que l'audiovisuel public dans son ensemble vit une période charnière, je m'interroge sur le futur de son financement et de son pilotage. L'implication du ministère des affaires étrangères dans la réforme à venir de l'audiovisuel public me semble incontournable afin d'assurer la prise en compte des spécificités de notre audiovisuel extérieur, mais aussi, pourquoi pas, de travailler à la création de synergies entre les différents acteurs de l'audiovisuel public.

En matière de financement, un grand nombre de personnes s'inquiètent au sujet du futur de la contribution à l'audiovisuel public (CAP). Si l'on peut légitimement s'interroger sur l'adaptation de cette taxe à l'évolution des usages, les acteurs de l'audiovisuel public demeurent très attachés au principe d'un financement affecté, qui se justifie pleinement pour garantir leur indépendance et leur liberté d'information. Ainsi, je souhaiterais savoir, monsieur le ministre, quelles sont les perspectives d'évolution du mode de financement de l'audiovisuel public.

Enfin, je souhaiterais revenir sur le statut des journalistes correspondants. Comme je le soulignais par avance dans mon rapport pour avis remis à l'automne dernier, la plupart des correspondants ne bénéficient plus, depuis le 1er janvier, d'une protection sociale lorsqu'ils sont en mission, à moins d'y pourvoir personnellement, alors que leurs conditions de travail peuvent être très précaires. On aboutit à des situations dramatiques. Quelles sont les solutions envisagées, monsieur le ministre, pour répondre d'urgence à ce problème qui risque de nuire à notre réseau, qui est pourtant l'un des plus vastes dans le monde ?

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