Intervention de Franck Riester

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Franck Riester, ministre de la culture :

La mission Sécurités est la principale mission du budget du ministère de l'intérieur. En 2018, son montant s'élève à quelque 12,9 milliards d'euros ; c'est dire l'importance de ces crédits consacrés à une ambition qui nous rassemble tous, celle de porter au meilleur niveau la sécurité de nos concitoyens. Chacun connaît les enjeux et le caractère sensible de ce sujet. Depuis que j'ai pris mes fonctions, j'ai coutume de rappeler que le débat ne consiste pas à établir si le sentiment d'insécurité existe ; il existe de toute façon et nos concitoyens le subissent comme une pression qu'il faut combattre.

Du coup, nous sommes amenés à faire un certain nombre de choix. Or il est difficile de faire des arbitrages lorsque les crédits d'un ministère, en particulier ceux de la mission Sécurités, concernent principalement des dépenses de personnel. Sans doute la difficulté d'arbitrer est-elle aussi due au fait que pendant des années, la question du recrutement s'est exclusivement posée en termes quantitatifs. Je constate à chacun de mes déplacements, comme vous devez le faire dans vos circonscriptions, que l'on nous demande systématiquement plus d'emplois, alors même qu'il faut également accomplir des réformes en profondeur dans ce ministère, qui ne l'ont pas toujours été ces dernières années.

Le budget pour 2018 fut la première illustration visible de l'engagement que le Président de la République avait pris et des moyens que vous lui avez donnés, avec une augmentation de 206 millions d'euros des crédits de la mission Sécurités, augmentation confortée par la hausse de 344 millions d'euros votée dans la loi de finances pour 2019.

Rappelons quels en sont les axes principaux. On ne saurait tout envisager à l'aune de la seule politique de recrutement mais celle-ci reste essentielle : la rapporteure spéciale a rappelé le plan de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes d'ici à la fin du mandat. Je rappelle la situation dans laquelle nous nous trouvions : 12 519 postes ont été supprimés entre 2007 et 2012, la politique de recrutement a été relancée à partir de 2015, mais n'a pas permis de rattraper le retard accumulé sous la mandature précédente. Depuis le début du quinquennat, le solde est négatif à hauteur de 3 682 postes, eu égard aux suppressions survenues puis à la relance du recrutement. C'est pourquoi nous nous sommes engagés en faveur d'une trajectoire de recrutement de 2 000 policiers et gendarmes supplémentaires en 2018, car ils sont des acteurs de la sécurité. Cet objectif a été atteint : 1 084 policiers, 492 gendarmes, 359 agents des services de renseignement ont été recrutés, à quoi, s'ajoutent 30 équivalents temps plein (ETP) dans les préfectures et 35 autres dans la sécurité civile, soit un total de 2 000 emplois, conformément à l'engagement pris.

De même, nous nous sommes engagés à prolonger cet effort en recrutant 2 500 policiers et gendarmes en 2019 ; ce sera fait. Cette montée en puissance est essentielle mais, encore une fois, la question du recrutement n'est pas la seule à prendre en compte.

Autre question importante, en effet : les équipements. Ils sont au rendez-vous : en 2018, 230 millions d'euros ont été consacrés à l'équipement des forces, dont 151 millions pour la commande de 6 000 véhicules répartis à parts égales entre la police et la gendarmerie. Les véhicules ont bien été commandés et livrés. Par comparaison, c'est un millier de véhicules de plus qu'en 2017 pour la police, et le double du budget consacré à cette dépense en 2012. Le retard accumulé et le vieillissement des véhicules supposent des investissements massifs, que vous avez autorisés en adoptant le budget pour 2018 et qui se poursuivent en 2019.

Il faut aussi moderniser l'équipement et les outils du quotidien : je pense aux 9 400 caméras piétons et aux 80 000 tablettes et smartphones nouvel équipement opérationnel (NEO) financés et déployés en 2018.

L'enjeu immobilier est majeur. C'est pourquoi 300 millions d'euros sont mobilisés chaque année pour la police et la gendarmerie dans le cadre d'un programme pluriannuel. Ils ont été engagés en 2018 selon des conditions d'exécution décalées dans le temps de la réalisation des opérations, parfaitement conduites : c'est le cas des projets immobiliers d'Annemasse, de Bourgoin-Jallieu et de Saint-André à La Réunion pour la police et, pour la gendarmerie, des projets de Melun, Marseille, Chaumont et Dijon. L'année 2018, comme cela a été rappelé, est aussi celle de la mise en place de la police de sécurité du quotidien, qui ne recouvre pas qu'une question de moyens mais aussi de doctrine. Il s'agit de favoriser le sur-mesure et la proximité avec la population, plus naturelle en milieu rural qu'en zone urbaine. Le sur-mesure se justifie parce que les politiques de sécurité diffèrent fortement selon que l'on se trouve à L'Argentière-la-Bessée ou dans une très grande ville comme Forcalquier – clin d'oeil au rapporteur général, du haut de ses montagnes...

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.