Intervention de Jean-Carles Grelier

Séance en hémicycle du mardi 24 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Carles Grelier :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, le 12 septembre 1944, le Conseil national de la Résistance et le Gouvernement provisoire de la République française sont réunis sous les voûtes du palais de Chaillot, et la voix puissante du Général de Gaulle y résonne en ces termes : « Pour résumer les principes que la France entend placer désormais à la base de son activité nationale, nous dirons [qu']elle veut faire en sorte que l'intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l'intérêt général [… ] et qu'enfin chacun de ses fils et chacune de ses filles puisse vivre, travailler, élever ses enfants dans la sécurité et la dignité. »

Dans une France qui a connu les larmes, le sang, la déchirure des êtres aimés, il a fallu reconstruire. Il a fallu offrir à cette France brisée un peu d'espoir et un peu d'avenir, et rhabiller les blessures de la dignité qu'on lui avait parfois arrachée.

C'est ce que sont venues consacrer les ordonnances de 1945 en instituant la Sécurité sociale, avec pour seule volonté le pressant désir de fonder une société où chacun est responsable de tous.

Soixante-treize ans après, nous devons continuer de faire nôtre cet héritage, largement partagé sur les bancs de cette Assemblée. Nous devons y puiser le même souci de grandeur, la même volonté de mettre l'avenir en perspective et de faire porter notre vision de la France le plus loin possible.

Construire un monde nouveau, comme vous en avez fait la promesse aux Français, n'est pas possible dans le reniement, dans la négation de ce qu'est la société française, avec ses forces mais aussi ses faiblesses, et la nécessité de l'adapter aux temps qui sont les nôtres.

Le monde bouge, il avance, il sursaute, souvent plus vite que la France engoncée dans ses certitudes. Dans ce monde en mouvement, riche de ce bel et lourd héritage, il nous reste une obligation première : celle de porter pour la France et pour chacun de nos compatriotes une véritable ambition pour notre modèle social, pour notre solidarité nationale, telle qu'elle doit trouver à s'exprimer, pour aujourd'hui comme pour demain.

Je n'ai pas trouvé dans votre projet de loi, madame la ministre, cette ambition qui nous oblige collectivement. Je n'y ai pas trouvé les réformes structurelles qui permettraient à ce beau vaisseau qu'est notre Sécurité sociale de se maintenir durablement à flot. Je n'y ai pas trouvé les éléments structurants de ce que devrait être une vraie politique familiale ; pas davantage que je n'y ai trouvé les prémices de la reconstruction d'un nouveau modèle de prise en charge de la dépendance et du grand âge, ni autre chose que quelques mesures cosmétiques sur l'accès aux soins pour tous et sur tous les territoires.

Après les espoirs suscités par les discours de campagne du Président de la République, qui eurent souvent des accents qui se voulaient gaulliens, vous aviez une occasion nouvelle d'inscrire dans le marbre une profonde et belle rénovation de notre modèle social. Malheureusement, le texte qui nous est aujourd'hui proposé a des relents d'occasion manquée. Je veux m'en expliquer devant vous. Depuis trop longtemps, les défis qui pèsent sur la rénovation de notre modèle social sont connus de chacun et ignorés de ceux qu'une absence de courage politique empêche de regarder la vérité en face.

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