Intervention de Claude Goasguen

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Goasguen :

Le multilatéralisme est chaudement défendu, seulement il est chaudement oublié. Parler aujourd'hui d'une organisation qui plaide pour le multilatéralisme fait sourire. Le dernier exemple qui vient en tête est celui de la Libye. L'ONU soutient le gouvernement libyen, qui lui-même est soutenu par les Turcs, mais qui est attaqué par le général Haftar, qui lui est soutenu par les Russes. Ceci n'empêche d'ailleurs pas les Russes et les Turcs de discuter sur leurs positions mutuelles en Afrique et au Moyen-Orient. Même le général de Gaulle ne pouvait imaginer que nous irions jusque-là. Avez-vous entendu parler du problème libyen sur place ?

Nombreux sont les projets qui ont été déposés depuis plusieurs années sur la modification structurelle de l'ONU. En réalité, l'ONU ne représente plus le monde tel qu'il est, et va avoir besoin d'une restructuration géopolitique. Le problème des flux migratoires est un sujet de préoccupation qui nous concerne en France particulièrement. Ce n'est pas seulement un problème africain, mais mondial. Des millions, voire même des dizaines de millions de personnes circulent à travers des États, dont certains sont totalement artificiels. C'est un domaine sur lequel l'ONU est totalement absente. Il n'y a pas de convention sur les flux migratoires. Il y a de temps en temps quelques tentatives, comme le pacte de Marrakech, qui d'ailleurs n'a pas été discuté par les organismes parlementaires. Je ne parle pas de bouleversements géopolitiques, militaires – c'est encore plus compliqué –, mais qu'au moins l'ONU nous donne quelques directions, quelques possibilités, quelques manières d'étudier un sujet sur lequel nous sommes complètement noyés, et dont nous voyons bien qu'il sécrète les populismes et les montées en force extrémistes. Bien sûr, ce n'est pas la vocation de l'ONU de calmer les populistes et les intégristes, mais elle pourrait faire oeuvre utile dans ce domaine. Pour l'instant, elle ne semble pas se préoccuper de cette situation. Sur le plan militaire et géopolitique, nous n'y arriverons pas. Il faut trouver une solution politique et elle nous échappe totalement. Mais il faudrait que nous puissions dire que nous dépensons des millions pour l'étude active des problèmes de flux migratoires.

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