Intervention de Claude Goasguen

Réunion du mercredi 11 octobre 2017 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Goasguen :

Avant d'en venir à mes questions qui risquent de vous embarrasser un peu car elles concernent la France, je voudrais faire une remarque.

Quand on vous écoute, on a l'impression que la diplomatie internationale essaie d'en revenir aux accords Sykes-Picot, avec des protagonistes différents puisque les Américains et les Russes ont pris la place des Anglais et des Français. Les Américains se concentrent sur l'Irak et les Russes sur la Syrie. Pourtant, étant un peu historien, j'ai l'impression que l'Irak, la Syrie et le Liban n'ont pas une tradition unitaire très forte. Je ne suis pas sûr que tous les Syriens se sentent très syriens et tous les Irakiens très irakiens. Les accords de Sykes-Picot n'ont duré que dans la mesure où les grandes puissances de l'époque pouvaient intervenir. L'attitude postcoloniale consiste à vouloir maintenir les États à tout prix. Défendue par la diplomatie française, par Laurent Fabius en particulier, cette position me paraît assez aléatoire dans une région comme le Moyen-Orient.

En ce qui concerne la Syrie, j'aimerais avoir votre sentiment sur la diplomatie française. Pour ma part, j'ai été très frappé, comme beaucoup de mes collègues, par ses errements. Nous avons eu un président tout feu tout flamme qui voulait attaquer Assad, puis qui s'est aligné progressivement sur la position américaine. Le Président de la République actuel a fait deux ou trois déclarations, d'ailleurs un peu contradictoires, mais la ligne n'est pas encore bien fixée. Au départ, il semblait plus ouvert que son prédécesseur à une discussion avec le président syrien mais il semble revenu à une attitude un peu plus dure depuis quelques semaines. En réalité, on ne sait pas trop ce que veut la diplomatie française et on se demande même ce qu'elle vient faire dans cette galère.

Nous avons aussi eu des échos extrêmement difficiles à accepter – mais non démentis – sur la présence de Français aux côtés d'al-Nosra, au début de la campagne contre le régime de Bachar al-Assad. Le ministère de la défense n'a pas vraiment nié avec force que des forces spéciales et des soldats français aient formé des éléments d'al-Nosra. Je suppose que vous en avez entendu parler même s'il vous sera sans doute difficile de le reconnaître. Des témoins locaux savent que de l'armement français a été retrouvé. Que pensez-vous de l'attitude de la diplomatie française ? Quel peut être le rôle de la France dans cette affaire où on a l'impression que nous sommes très marginalisés historiquement devant les deux grandes puissances que sont la Russie et les États-Unis ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.