Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du jeudi 9 février 2023 à 15h00
Protéger le groupe Électricité de france d'un démembrement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Quelle politique énergétique souhaitons-nous pour la France de demain ? Cette question centrale que se posaient en 1946 les élus de la nation confrontés aux défis de la reconstruction revient aujourd'hui, alors que nous devons faire des choix cruciaux pour la transition écologique, qui nous engagent pour des décennies.

S'ajoute la grave crise énergétique que nous traversons depuis un an, qui a mis en lumière les faiblesses du modèle énergétique européen. La hausse des prix, exponentielle depuis le début de la guerre en Ukraine, a révélé l'impuissance des pouvoirs publics puisque ni l'Union européenne ni le Gouvernement ne sont parvenus à la juguler, malgré des mesures coûteuses pour nos finances publiques. En outre, la présidence française de l'Union européenne s'est révélée incapable de conduire la réforme du marché européen de l'électricité, malgré les engagements qui avaient été pris.

La question de la sécurité de l'approvisionnement se pose aussi, avec une acuité nouvelle. La crise a révélé la dépendance des pays européens aux importations d'hydrocarbures russes tandis qu'en France, le mauvais état du parc nucléaire inquiète.

Il est donc urgent de reprendre en main notre politique énergétique. Mais si nous sommes nombreux à partager ce constat, les moyens d'y parvenir font toujours débat. Une chose est sûre, l'avenir de la politique énergétique demeure indissociable de celui d'EDF.

Or l'entreprise est aujourd'hui en souffrance. Elle enregistre une dette abyssale de 43 milliards d'euros, qui empêche les investissements nécessaires. Le mécanisme de l'Arenh est un boulet de plus en plus injustifiable. La menace d'un conflit avec la Commission européenne plane toujours, puisque celle-ci, au nom de la sacro-sainte ouverture à la concurrence, veut démanteler le groupe.

Comment enrayer cet affaiblissement d'EDF, à l'œuvre depuis plusieurs décennies ? Pour le Gouvernement et la majorité, la solution se trouve dans la reprise de 100 % du capital du groupe, laquelle devrait laisser les coudées franches à l'État pour réinvestir dans un nouveau programme nucléaire. Ce n'est, pour nous, qu'une moitié de solution : elle n'entraîne en rien une redéfinition de la politique électrique et ne nous éloigne pas des diktats énergétiques de la Commission européenne.

La proposition de loi de nos collègues socialistes, elle, a le mérite de la clarté. En décrétant la nationalisation et l'unicité du groupe, elle empêche le démembrement d'une partie des activités d'EDF. Un gouvernement qui souhaiterait privatiser une branche du groupe se verrait dans l'obligation de passer par une loi de privatisation. Alors que nous redoutons un projet Hercule bis, synonyme de nationalisation des pertes et de privatisation des profits, ce garde-fou est indispensable.

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