Intervention de Stéphane Peu

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Il existe un certain paradoxe à ce que la jeunesse soit une valeur partout célébrée, tout en étant à ce point maltraitée dans notre société. En France, si un étudiant sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté, ils sont deux sur trois en situation de précarité, soit bien plus que les seuls bénéficiaires des bourses. Alors que les étudiants sont déjà soumis à l'inquiétude d'une existence à construire dans un monde où tout est concurrence et incertitude, leur quotidien est pris en tenaille entre un coût de la vie étudiante qui continue d'augmenter – de près de 7 % en 2022 – et la baisse de leurs ressources. Durant la présidence d'Emmanuel Macron, ils ont perdu en moyenne 40 euros d'aides directes avec les réformes des APL, et la crise sanitaire n'a fait que révéler une situation qui s'était depuis longtemps détériorée.

Depuis la suppression pour les étudiants non boursiers des repas à 1 euro accordés pendant la crise sanitaire, au moment où les prix des denrées alimentaires flambaient et continuent de le faire, celles et ceux qui ont déjà rogné sur tout s'attaquent, pour boucler les fins de mois, aux dépenses essentielles : les soins, pour 40 % d'entre eux, et l'alimentation, puisque 56 % des étudiants déclarent ne pas manger à leur faim. Vu l'état de déliquescence de tout le système d'accompagnement social dans l'enseignement supérieur, ils n'ont d'autre choix que de se tourner vers les associations caritatives et de faire la queue devant les banques alimentaires ou les épiceries solidaires. Parlementaire d'une circonscription qui compte deux grandes universités, Paris 13 et Paris 8, je peux le vérifier chaque jour et chaque week-end.

Cette situation est insupportable. Nous voterons donc cette proposition de loi urgente et de bon sens. Au-delà des dispositifs d'accompagnement visant à lutter contre la vulnérabilité étudiante, dont la Cour des comptes juge qu'ils sont décevants, c'est tout le système des bourses qui est à revoir. Il faut même aller plus loin en envisageant de créer enfin, comme les députés communistes et plusieurs groupes de la NUPES le proposent, un revenu étudiant qui permette de vivre dignement et de se consacrer à ses études. Car étudier, c'est déjà un travail, raison pour laquelle les syndicats proposent de valoriser les études dans la comptabilisation des trimestres pour la retraite.

Je remercie chaleureusement Fatiha Keloua Hachi, qui vient du même département que moi et avec qui nous avons pu mesurer la réalité de la précarité étudiante.

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