Intervention de Thierry Alves

Réunion du mardi 24 janvier 2023 à 17h20
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l'administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat d'un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d'arles

Thierry Alves, directeur interrégional des services pénitentiaires Sud-Est – Marseille :

Monsieur le président, vous avez évoqué tout à l'heure une « solidarité de corps » ; c'est votre point de vue, mais ce n'est pas le mien. Je considère qu'il est de mon devoir de faire preuve d'une grande honnêteté intellectuelle dans la gestion des différents personnels avec lesquels j'ai pu travailler jusqu'à présent. Il y a eu des erreurs, personne ne le conteste, ni moi, ni Mme Puglierini. Pourquoi les éléments contenus dans les différentes CPU n'ont-ils pas été remontés ? Mme Puglierini ne se l'explique pas : je n'ai donc pas davantage de réponses à vous communiquer, je ne me l'explique pas non plus. Il n'en demeure pas moins que Mme Puglierini a précédemment donné satisfaction dans le cadre de ses fonctions. C'est une réalité, et je ne suis pas le seul directeur interrégional à avoir travaillé avec l'intéressée.

Monsieur le député, vous évoquez le rôle de la directrice adjointe tel qu'il ressort du rapport de l'IGJ. Je n'ai jamais eu la moindre information concernant un rôle ou une mission qui auraient été confiés à celle-ci. Au contraire, dans l'hypothèse où cette information aurait pu m'échapper à mon arrivée, de multiples situations se sont présentées ensuite au cours desquelles l'intéressée aurait pu me faire part de difficultés particulières dans la relation avec sa cheffe d'établissement ou dans la gestion de l'établissement. Cela n'a jamais été le cas, c'est très clair.

S'agissant de pressions qui auraient été exercées pour le classement comme auxiliaire de Franck Elong Abé, je n'en ai absolument pas connaissance. La procédure de classement au moment des faits est très simple : les chefs d'établissements ont proposé un classement, mes services en ont été avisés, j'ai moi-même été informé du fait que Franck Elong Abé ferait l'objet d'une surveillance durant l'exercice de son travail. Il a été répondu – car je ne suis pas décideur en la matière – que ce classement ne pourrait se faire qu'à travers la mise en place d'une sécurité renforcée autour de l'intéressé.

En ce qui concerne les critères de notation dans le cadre de l'évaluation, il faut savoir que le contexte sanitaire a été particulièrement difficile et que cette crise a été très bien gérée à la maison centrale d'Arles. Les relations avec les partenaires étaient bonnes. De plus, au regard de la disponibilité dont Mme Puglierini a fait preuve dans l'exercice de ses fonctions, j'ai pu constater une véritable volonté de diriger cette structure selon un équilibre global, indispensable au sein de l'établissement. En effet, une maison centrale est un établissement extrêmement difficile à gérer et lorsque l'on a face à soi des personnes dont plus de la moitié est condamnée à perpétuité, on ne peut organiser la vie carcérale qu'à travers une prise en charge humaine, sécuritaire, et pragmatique. Vous imaginez la complexité et la difficulté des tâches pour le personnel de surveillance comme pour l'ensemble des professionnels. Faire vivre 120 ou 125 détenus particulièrement dangereux dans une structure ultrasécurisée est un travail très complexe pour faire en sorte que tout fonctionne bien. Il existe des activités socioculturelles, sportives, du travail pénitentiaire, de la formation professionnelle, de l'enseignement, une prise en charge médicale, soit un ensemble à orchestrer pour que la cohabitation se passe dans les meilleures conditions, même si malheureusement, et ce drame nous le montre, nous ne pouvons anticiper tous les incidents qui peuvent se produire dans les établissements de ce type.

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