Intervention de Thomas Forner

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 14h30
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l'administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat d'un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d'arles

Thomas Forner, secrétaire local de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP-UNSA Justice) :

Franck Elong Abé avait l'objet de remontées de la part du personnel de surveillance. Certains détenus auraient en effet déclaré avoir subi des pressions de la part de ce dernier afin que lui-même et un autre détenu obtiennent un poste d'« auxi ». Il aurait exercé une pression psychologique, peut-être proféré des menaces, sali volontairement certains lieux afin de faire déclasser les « auxi » qui en étaient chargés. Qu'un détenu échangeant peu avec le personnel et enfermé dans sa doctrine sollicite un tel poste, cela interroge. Que ce poste lui soit confié sans qu'il ait modifié le comportement que je viens de décrire – complètement fermé, avec un parcours chaotique –, cela interroge aussi sur le jugement de la direction locale et de la direction interrégionale, malgré les remontées du terrain. Votre enquête aura fait apparaître que les lacunes ne venaient pas de la base, mais d'en haut.

Sur le second point, les formations à la vidéosurveillance ont effectivement débuté. Des moyens ont été débloqués... Concernant le poste centralisé des informations (PCI), la formation est assurée par un surveillant qui a lui-même été formé. En théorie le PCI doit être occupé par un gradé. Par manque d'effectifs, il est actuellement occupé par deux surveillants. Pourtant, comme cela a été rappelé dans le plan opérationnel intérieur, actualisé ce jour, c'est au gradé du PCI de faire remonter les informations en cas d'alarme ou d'incident majeur. Aujourd'hui, il n'y a pas de gradé. C'est très bien de réactualiser les procédures, encore faudrait-il que nous ayons les moyens humains nécessaires pour les appliquer.

Concernant l'absentéisme, le phénomène n'est pas nouveau. En 2022, dans le cadre du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail départemental, un audit a été mené sur la maison centrale d'Arles. Je vous livre deux résultats : 90 % des personnels ne se sentaient pas respectés et pas estimés dans leur travail ; 73 % d'entre eux déclaraient ne pas avoir les moyens de faire un travail de qualité. S'il ne s'agit pas de chiffres marquants… L'audit a été remis à la direction locale et à la direction interrégionale, mais la mesure n'en a pas été prise. L'absentéisme est donc bien une difficulté, nous comptons régulièrement 5 ou 6 absents mais nous n'avons pas de remplaçants disponibles. Nous devons donc prendre des agents sur les postes centraux comme le poste central de circulation – qui est censé opérer le relais sur les caméras, l'ouverture de certaines grilles –, on récupère l'agent qui affecté à la porte et qui est censé garantir la sécurité de tout ce qui rentre et qui sort, les agents des parloirs, malgré une tentative d'homicide sur plusieurs collègues en 2020... Cela n'interroge personne ? En tout cas je vous assure que cela inquiète beaucoup les agents. Je vous remercie pour vos questions qui nous permettent de mettre en lumière nos difficultés.

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