Intervention de Joseph Paoli

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 14h30
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l'administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat d'un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d'arles

Joseph Paoli, secrétaire général national adjoint du Syndicat pénitentiaire des surveillants non gradés (SPS) :

Je vais expliquer brièvement aux directeurs ce qu'est une gestion laxiste. Nous n'avons pas la même façon de voir les choses. Ils n'ont pas la culture de la sécurité. Ils gèrent leur détention à leur façon, et cherchent sans doute à prouver qu'ils sont capables de faire quelque chose de détenus difficiles. Cette situation s'est produite à Saint-Martin il y a quelques années. Nous connaissons un détenu – M. Boubala – qui fait le tour de France des établissements, chacun étant contraint de l'accueillir un certain temps. Lorsqu'il est arrivé à Saint-Martin-de-Ré, il a été classé auxiliaire. Cela s'est très mal passé. Cela s'est terminé avec un transfèrement, des manifestations, etc. De l'aveu de notre direction, le garder au moins trois mois était un « challenge ». Nous l'avons gardé quinze jours. Nous avions prévenu notre direction qu'il ne fallait pas le classer du fait de sa dangerosité, mais nous n'avons pas été écoutés, pour aboutir à une catastrophe.

Concernant l'affaire d'Arles, les directeurs gèrent tout à leur façon malgré les remontées d'informations, leurs adjoints, les officiers... Ils n'en font qu'à leur tête, la gestion est « hors-sol » – je ne dis pas que c'est partout pareil. Il suffit de voir le nombre de tracts émanant des organisations syndicales. À chaque incident ou agression contre un surveillant, nous attendons le passage en commission pour connaître la peine prononcée. Mais la direction a une façon de penser en décalage total avec les agents. En cas d'agression d'un agent, les mesures devraient être fermes, ce qui n'est pas forcément le cas. Il y a eu un incident important à Saint-Martin où un détenu « psy » a été placé en détention ordinaire. Cela a fini en drame mortel. Pourtant, les officiers avaient fait des observations sur ce détenu. Les directeurs ne devraient pas avoir honte de s'en remettre à leur hiérarchie au lieu de prendre des décisions si lourdes de conséquences sans être assurés de ce qui se passera.

J'ai omis de vous dire que, selon mes informations, les Elac de la maison centrale d'Arles ont constaté le changement de comportement de Franck Elong Abé après la prise de Kaboul, à tel point qu'elles l'ont surnommé « Air Kaboul ». Cela aurait dû remonter au niveau du renseignement et de la direction, et interpeller.

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