Intervention de Christophe Bigot

Réunion du mercredi 17 mai 2023 à 14h30
Commission des affaires étrangères

Christophe Bigot, directeur de la direction de l'Afrique et de l'océan indien :

Avant le déclenchement de la crise, nous avions le sentiment de nous rapprocher d'une solution, qui supposait des concessions de la part de l'armée et des supplétifs. Or, ni Burhan, ni Hemetti n'y étaient prêts, pour des raisons qui dépassent la simple rivalité personnelle.

L'effort de la communauté internationale a été important, tant sur le plan financier que sur le plan diplomatique. Je ne crois pas que nous ayons été pris en défaut. On peut toutefois regretter que les Soudanais, au-delà des Forces de la liberté et du changement (FFC) – la coalition des partis traditionnels de Khartoum –, n'aient pas suffisamment été inclus dans le jeu politique. Cela aurait peut-être permis d'éviter le coup d'État de 2021, qui a annoncé la suite des événements.

Le rôle que nous jouons est important, au regard de notre position au Conseil de sécurité de l'ONU et de notre faculté d'entraînement au sein de l'Union européenne, qui s'exerce en synergie avec l'Allemagne notamment. Notre présence reconnue dans la région, en particulier à Djibouti ou au Tchad, conforte aussi l'action que nous devons y mener.

Nous ne participons pas directement aux discussions qui ont lieu à Djedda, où l'Arabie saoudite et les États-Unis tiennent le rôle principal, mais dès que cela sera possible, nous pourrons contribuer à la mise en place d'un mécanisme de vérification du cessez-le-feu, à la sécurisation des corridors ou à la légitimation d'un accord. Enfin, au-delà de l'accord entre les deux généraux, il faudra réfléchir au soutien civil et démocratique. Nous avons fait nos preuves avec la conférence organisée à Paris, qui réunissait civils et militaires, et qui a été un succès.

L'Égypte comme le Tchad ont une place particulière au Soudan : l'Égypte en a été la puissance protectrice – ou colonisatrice – pendant plusieurs décennies. Elle entretient des intérêts de voisinage et historiques importants avec ce pays et des relations de proximité avec le général Burhan, les forces soudanaises et les services de renseignements soudanais, ainsi que des liens économiques. En parallèle, une partie des tribus tchadiennes et soudanaises ont des liens familiaux. Au-delà de l'aide humanitaire que nous devons apporter à ces pays pour faire face à l'afflux de réfugiés soudanais, nous devons rester vigilants quant à de possibles transferts d'armements.

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