Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mercredi 27 juillet 2022 à 9h05
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

La nomination sur laquelle nous devons nous prononcer pose plusieurs questions. La première porte sur l'utilité de l'AFIT France. Le candidat Castex en convient à demi-mot, il s'agit d'un opérateur opaque à la main du seul ministère en même temps que d'une coquille vide – seulement quatre personnes pour la gérer.

C'est aussi un opérateur qui contrevient aux principes budgétaires d'unité et de non-affectation. Il a été créé pour échapper au contrôle du Parlement. Malgré ce que vous prétendez, monsieur Castex, le Parlement n'a aucune prise sur la révision de la trajectoire budgétaire. L'AFIT France n'est ni plus ni moins qu'un fonds de concours géant à la discrétion du ministère chargé des transports.

La seconde question concerne la légitimité ou la neutralité du candidat qui nous est proposé. Vous avez été le promoteur des LGV au prix de l'abandon de petites lignes ferroviaires du quotidien. Je pense aux fameuses lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, baptisées Grand projet du Sud-Ouest (GPSO). En tant que Premier ministre, vous aviez promis 4,1 milliards d'euros sur un coût total de 14 milliards pour un gain de temps de trajet estimé à deux minutes par milliard dépensé – je vous laisse mesurer la gabegie.

Je ne parle pas de la ligne nouvelle Provence-Côte d'Azur (LNPCA) entre Marseille et Nice, ni de Perpignan-Montpellier ou encore de la gabegie du Lyon-Turin, d'autres le feront bien mieux que moi. Ces projets sont réalisés au détriment des petites lignes et malgré un discours volontariste sur l'entretien et la modernisation du réseau ferroviaire, l'âge moyen de ce dernier demeure préoccupant : vingt-neuf ans en moyenne, contre dix-sept en Allemagne et quinze en Suisse, et quelque trente-six ans pour les petites lignes.

Votre nomination participe à un concours géant de pantouflage-recasage : parmi les anciens membres de votre gouvernement, Emmanuelle Wargon est appelée à présider la Commission de régulation de l'énergie (CRE) tandis que Jean-Baptiste Djebbari est désormais président du conseil d'administration d'Hopium. C'est l'exemple même de ce que j'appellerais une « copinocratie ».

Pour ces diverses raisons, nous nous opposons à la nomination proposée mais aussi à l'existence même de cet opérateur de l'État. J'espère que les discussions sur les candidatures à une telle coquille vide nous seront à l'avenir épargnées.

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