Intervention de Laurent Jacobelli

Réunion du mardi 26 juillet 2022 à 20h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Jacobelli :

J'éviterai les attaques sur les conceptions géostratégiques d'autres groupes. Personne ne détient la vérité et chacun peut avoir son opinion, madame Genetet.

Deux enseignements peuvent être tirés de la crise en Ukraine.

Le premier est que nous sommes tous très attachés à l'indépendance et à la souveraineté des nations – et c'est encore plus vrai désormais. Elles sont libres de choisir leur destin, leurs alliances, leurs partenaires et leurs coopérations. Cette conclusion issue des tristes événements actuels s'applique à la Suède comme à la Finlande, et nous ne souhaitons pas nous ingérer dans leurs choix ni d'une manière – en les poussant à aller dans les mains des Américains au sein de l'OTAN – ni d'une autre – en les empêchant d'adhérer à l'Alliance alors qu'elles le souhaitent. Au demeurant, la neutralité de la Finlande et de la Suède est théorique. La Suède entretient déjà des relations très étroites avec les États-Unis. Elle n'a pas renoncé par hasard à son programme nucléaire militaire dans les années 1980. En contrepartie, les États-Unis lui ont apportée la garantie d'une assistance militaire en cas d'attaque, à l'époque par l'URSS – à laquelle on voit bien que la Russie d'aujourd'hui tend à ressembler, en tout cas géographiquement.

Nous sommes également très attachés à la coopération avec la Finlande et la Suède. Faut-il en passer par l'OTAN ? C'est un débat. Il y a d'autres structures pour le faire. Ces deux États nous ont ainsi aidé lors des opérations au Sahel – ce qui est assez rare pour être souligné – et nous devons annoncer que nous nous trouverons à leurs côtés, de manière indéfectible.

Deuxième enseignement de la crise ukrainienne : la méthode diplomatique n'a pas été employée jusqu'à son terme. On a très clairement désigné l'ennemi – et il est vrai que la Russie est l'envahisseur. Alors que des discussions se poursuivent, le moment est-il opportun de lui envoyer un signal qui pourrait être perçu comme belliqueux ? La rapporteure a souligné les déclarations un peu complexes de la Russie, qui estime en somme que la Finlande et la Suède peuvent faire ce qu'elles veulent mais qu'elle saura en tirer les conclusions si l'OTAN se rapproche.

Dans ce contexte, est-il prudent d'accélérer le processus d'adhésion ? N'est-ce pas un signe négatif pour la paix ? Le groupe Rassemblement national considère que l'on est pas allé au bout des efforts diplomatiques et qu'ils ne sont pas assez puissants. Nous nous abstiendrons donc.

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