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Intervention de Général d'armée Christian Rodriguez

Réunion du mercredi 27 juillet 2022 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général d'armée Christian Rodriguez :

Les 50 000 réservistes prévus le sont, non pour les Jeux olympiques, mais pour l'ensemble du quinquennat. Le budget de formation 2023 sera à cet égard meilleur que celui de 2022, et la trajectoire croissante ainsi dessinée permettra d'atteindre l'objectif, car nous disposons de volontaires, dont la formation avait été anticipée. Le taux moyen d'engagement des réservistes, de 20 à 24 jours par an actuellement, pourra aussi être augmenté si nécessaire. Ils seront importants pour les Jeux olympiques, mais ils le sont tous les jours, notamment pour la proximité de la gendarmerie avec la population, 2 000 à 3 000 réservistes étant engagés chaque jour.

15 escadrons ont disparu avec la révision générale des politiques publiques (RGPP), mais la LOPMI prévoit la recréation de 11 unités de forces mobiles, dont la répartition entre escadrons et CRS reste à décider par le ministre. Elles permettent l'envoi rapide de professionnels pour des missions locales multiples, d'aide ou de maintien de l'ordre.

Les 200 brigades également prévues par la LOPMI seront constituées d'ETP supplémentaires. Des créations de postes sont donc attendues pour 2023, mais des débats sont en cours à ce sujet, comme sur les questions de revalorisation et de point d'indice.

En matière de DOT, le rôle de la gendarmerie est d'abord de tenir les territoires. Certains sites, d'importance vitale, sont déjà protégés par construction, mais d'autres, qui ne sont pas classés (points de distribution d'électricité, châteaux d'eau, etc.), doivent être connus de la gendarmerie également.

Nous devons aussi être préparés à faire face en première intervention à des personnes lourdement armées. La formation, mais aussi la transformation de la composition de nos pelotons de surveillance et d'intervention ont été durcies en conséquence. Ils comprennent aujourd'hui 20 à 30 gendarmes, dont une moitié d'active et une moitié de volontaires, c'est-à-dire de jeunes sous contrat de six ans au maximum. Nous avons obtenu la transformation en trois ans de ces postes de gendarmes adjoints volontaires en postes de gendarmes d'active.

L'armement doit lui aussi être interrogé. En Dordogne, nous avons constaté que le pistolet des brigades n'était pas suffisant. Toutefois, les gendarmes ne peuvent pas transporter des armes automatiques dans leurs actions du quotidien ni les laisser dans leurs véhicules.

Dans l'attente du RRF, qui est prévu pour plus tard, PCSTORM constituera une étape intermédiaire en 2023 ou 2024. Avec l'arrivée de la 5G, un réseau solide et permettant de transférer par exemple des vidéos est devenu nécessaire pour tous les usagers du ministère de l'intérieur, pompiers compris. Un réseau bas débit est aujourd'hui obsolète. Ce dossier très important est suivi de très près.

Les centaures remplaceront d'autres blindés, les véhicules blindés à roue de la gendarmerie (VBRG), qui étaient certes 1,5 fois moins grands, de sorte qu'ils ne pouvaient pas transporter 10 personnes. En revanche, ils disposaient déjà de lames flottantes et d'une tourelle, pouvant recevoir une arme de guerre. Bien évidemment, les centaures ne seront pas équipés d'armes de guerre pour le maintien de l'ordre. Toutefois, ils pourront aussi servir en cas de violences urbaines lourdes, pour protéger les gendarmes en déplacement. Il s'agit alors de manœuvrer pour intercepter les personnes qui tirent sur les gendarmes, précisément sans leur tirer dessus en retour, et si possible sans les blesser : c'est la stratégie quotidienne du GIGN. Un chien a ainsi pu arrêter un forcené récemment. Aux Antilles, nous ne disposions pas de suffisamment de blindés.

L'emploi des blindés demande un haut niveau d'autorisation. Ils n'avaient plus été employés pour le maintien de l'ordre jusqu'aux violences lourdes connues en haut des Champs-Élysées, lors des manifestations de gilets jaunes. L'enjeu des blindés concerne donc surtout leurs conditions réglementaires et législatives d'emploi, qui n'ont aucune raison d'être durcies actuellement.

L'objectif est bien plutôt d'abaisser le niveau de violence dans les relations avec les manifestants. Dans le cadre du schéma national de maintien de l'ordre, des équipes ont été formées spécifiquement à cette fin. Il faut toutefois aussi être capable d'élever le niveau de réponse en fonction de l'évolution de la situation. Lorsque j'étais lieutenant, l'escadron qui était devant moi s'est fait tirer dessus sur le Champ-de-Mars durant une manifestation. Aujourd'hui, les black blocks se mêlent aux manifestants, parfois après avoir loué des appartements sur le chemin des manifestations, afin de ne pas être détectés. Des règles claires doivent néanmoins encadrer le maintien de l'ordre, et le droit de manifester reste absolument indiscutable.

La formation et le contrôle de la déontologie sont également essentiels dans l'application de ces règles. Je n'ai aucun scrupule à recourir à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) lorsque des gendarmes sont suspectés de violences illégitimes. Le directeur de la police est d'accord avec moi sur ce point.

Nous devons davantage communiquer sur les cadets, afin d'y recruter davantage de jeunes, qui par exemple pourront ensuite s'engager dans la réserve de la gendarmerie dans le cadre du SNU. Une fédération des cadets sera sans doute créée pour leur donner davantage de visibilité. Ils sont souvent animés par des réservistes bénévoles, avec un admirable engagement citoyen.

Des brigades seront recréées en Dordogne, mais il faudra aussi les rendre mobiles, par exemple en les dotant de chevaux. J'ai ainsi renoncé à appliquer le dispositif de gestion des événements (DGE) en Dordogne, car les effectifs n'étaient pas suffisants compte tenu de l'immensité de ce département.

La gendarmerie ne mène pas la lutte contre les incendies : elle y est engagée pour évacuer les populations et éviter les pillages. Nous sommes également chargés des enquêtes. Avec les algorithmes, les pompiers parviennent à anticiper les déplacements des incendies, mais nous parvenons aussi à prévoir les lieux où les feux risquent de prendre. Nous avons ainsi interpellé plusieurs personnes, souvent perturbées, qui étaient soupçonnées d'être à l'origine d'incendies.

Dans les petits départements, le manque de gendarmes est beaucoup plus pénalisant que dans les grands départements. Nous essayons donc d'y transférer des effectifs, même si nous réalisons plutôt les mutations et les remplacements de départs en retraite durant l'été, pour des raisons d'organisation familiale. Les créations de brigades devraient également apporter des effectifs dans ces petits départements.

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