Intervention de Éric Coquerel

Réunion du mercredi 20 juillet 2022 à 10h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel, président :

Cette intéressante étude m'inspire quelques réflexions.

Votre constat est imparable. Dans les QPV, le taux d'activité des personnes de 15 à 64 ans est inférieur de 12,1 points en 2014, et de 14,2 points en 2019 à celui des quartiers environnants, et je ne crois pas que la situation ait évolué favorablement depuis lors. Le taux de chômage y est en outre de 2,6 à 2,7 fois plus élevé, tandis que le taux d'emploi est beaucoup plus faible et que les contrats de travail y sont en moyenne plus précaires.

J'insisterai également sur le taux de pauvreté et le nombre de jeunes qui sortent de manière anticipée du système éducatif, notamment sans emploi, bien plus importants qu'ailleurs.

Même si vous soulignez une plus forte proportion d'étrangers, d'immigrés ou d'enfants d'immigrés, vous n'évoquez pas – peut-être parce que ce n'était pas dans le périmètre de votre étude, la question des discriminations à l'emploi, pourtant bien réelles.

Vous n'évoquez pas non plus le phénomène de l'ubérisation de l'emploi dans ces quartiers, qui mène à des statuts plus précaires que celui de salarié. C'est, à mon avis, un élément objectif à prendre en compte. Examinant l'efficacité des principaux dispositifs d'emploi – accompagnement intensif jeunes, garantie jeunes, contrats aidés –, vous dites qu'ils ne produisent pas de résultats suffisamment probants. Dans ma circonscription de Seine-Saint-Denis où beaucoup d'entreprises ont leur siège ou leurs locaux, je vois tous les jours arriver des gens en RER pour y travailler… mais très peu de jeunes qui habitent dans les quartiers environnants. Cela doit bien se traduire dans des statistiques ; en tout cas, pour un simple observateur, c'est frappant. Il me semble dès lors qu'il conviendrait de réfléchir à une meilleure coordination des acteurs locaux, qui impliquerait les entreprises.

Vos recommandations ne traitent pas la sortie plus rapide du système éducatif des jeunes des QPV. Vous évoquez la piste des prépas apprentissage mais vous ne faites pas de recommandation sur ces lycées professionnels qui ont longtemps été le fleuron de l'éducation nationale en France. Je m'interroge également sur la manière dont ces jeunes pourraient continuer leurs études dans des lycées professionnels lorsqu'ils deviennent indépendants de leurs parents, ce qui amène à la question de leurs revenus, mais cette remarque s'applique aussi aux études supérieures, que nombre de jeunes doivent abandonner.

Par ailleurs, durant les Trente Glorieuses, pour beaucoup de jeunes des quartiers populaires, les services publics et les entreprises publiques représentaient des gisements d'emplois et des facteurs de progression sociale importants. Je ne peux pas m'empêcher de mettre en relation la diminution des effectifs dans ces services et entreprises et le chômage grandissant que connaissent ces quartiers.

Voilà les quelques réflexions que je souhaitais faire, et vous demander si ce sont des pistes sur lesquelles vous avez travaillé.

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