Intervention de Christine Arrighi

Réunion du mercredi 20 juillet 2022 à 10h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Arrighi :

Ce rapport pose un diagnostic trop connu : la juxtaposition des dispositifs, une absence de lisibilité et la multiplicité des acteurs. Ce n'est pas faute pour le Gouvernement d'avoir communiqué sur les banlieues, en confiant à M. Jean-Louis Borloo la rédaction d'un rapport sur le sujet en 2018, qui s'est conclu par la déclaration suivante : « Cela n'aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s'échangent un rapport. » Il nous a été dit que les trois quarts des préconisations formulées par ce dernier auraient été mises en œuvre : je ne connais pour ma part aucun élu local de quelque bord politique qui aurait revendiqué d'y être parvenu en bénéficiant du soutien de l'État. Pour mémoire, ces préconisations portaient sur les « colonies apprenantes », la lutte contre l'illettrisme, la création de 30 000 places en crèches, des mesures en faveur des métiers du soin et des services à la personne. Ces métiers concernent, au demeurant, principalement les femmes. Trop peu a été fait, ou trop tard, en ce qui concerne par exemple la relance de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) ou la rénovation des copropriétés dégradées.

Les services publics, postal ou fiscal, ont bien souvent fermé dans les QPV, pour laisser place à la grande idée du guichet numérique – tout à fait inadapté aux publics de ces quartiers. Ces derniers sont éloignés de l'administration, ce qui a pour conséquence de les éloigner du numérique, et non l'inverse. De plus, la suppression des emplois aidés a mis à mal le réseau associatif, qui pallie avec conviction mais aussi, parfois, avec une grande lassitude la défaillance de l'État. Les collectivités ont ainsi été bien seules pour faire face aux difficultés.

Enfin, si vous ne prenez pas position, vous abordez dans votre rapport la question de la sécurité et du trafic de stupéfiants. À quand un grand débat national sur ce sujet ? Il a en effet été démontré que la politique du tout répressif est inefficace : nous sommes le pays le plus répressif tout en étant celui qui consomme le plus de stupéfiants. M. Daniel Vaillant, ancien ministre de l'intérieur, qui n'est pourtant pas plus que M. Le Maire, un grand révolutionnaire, le dit depuis 2003 ; par ailleurs les résultats obtenus par le gouvernement libéral de M. Justin Trudeau, qui a légalisé la consommation de cannabis récréatif en 2018, sont probants. Renseignez-vous sur ce sujet ainsi que sur l'opportunité de mettre en œuvre un dispositif de vente encadré par l'État. Réfléchissez également à la possibilité d'organiser un vaste plan de prévention et de formation des policiers et de redéployer les agents au profit d'une police de proximité pratiquant la médiation. Celle-ci favoriserait la sécurité des QPV, la quiétude, et par conséquent le vivre-ensemble.

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