Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mercredi 19 juillet 2023 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq, rapporteur :

Il y a aussi tout un côté pratique derrière le renforcement de l'installation de la Banque mondiale à Paris ; cela permettra de faciliter son travail. En effet, il est plus compliqué d'aller en Afrique depuis Washington que depuis Paris.

Je ne suis pas sûr, en revanche, que le lien entre la France et certains pays africains soit un atout ; cela peut être, au contraire, un handicap. On le voit en ce moment vis-à-vis du Mali ou du Burkina Faso. Ce n'est pas forcément sur cet aspect que la Banque mondiale compte s'appuyer en développant ses activités à Paris mais plutôt sur la dimension technique et pratique. Le seul aspect politique intéressant est que la France peut, on l'a vu les 22 et 23 juin, prendre des initiatives mais pas nécessairement en s'appuyant sur son histoire, qui peut être controversée dans certains pays africains.

J'ai pu auditionner, alors même que le projet de loi a été adopté par le Conseil des ministres il y a seulement une quinzaine de jours, Éric Toussaint, qui a écrit des livres que je vous invite vraiment à lire, fût-ce d'un œil critique – je n'ai pas fait dans mon rapport un plaidoyer pour ou contre la Banque mondiale, car ce n'était pas l'objet –, Laurence Boisson de Chazournes, professeure de droit international à Genève, qui a été conseillère principale à la Banque mondiale pendant quatre ans et avec qui l'échange a été d'une richesse incroyable, parce qu'elle connaît les choses de l'intérieur, ainsi que des gens de Bercy et du Quai d'Orsay. J'ai trouvé que mes interlocuteurs étaient ouverts à toutes les critiques : je n'ai pas été tendre, en effet. J'avais d'ailleurs prévenu les responsables de la Banque mondiale que je serais intransigeant avec eux. La préparation du rapport m'a obligé à regarder la situation d'une manière un peu plus affûtée, plutôt qu'en fonction de ma propre histoire politique.

On peut être critique – étant communiste, je combats le libéralisme en tant que système et donc la philosophie de la Banque mondiale –, mais il faut bien mesurer que celle-ci évolue, qu'elle essaie de trouver un chemin pour avancer. Certains libéraux s'efforcent de trouver des moyens pour améliorer la vie des gens, pour construire une autre société et pour qu'on fasse attention à l'état de la planète.

En tout cas, la Banque mondiale sera davantage à Paris et nous pourrons avoir l'œil sur elle.

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