Intervention de Olivier Falorni

Séance en hémicycle du mardi 12 décembre 2023 à 9h00
Questions orales sans débat — Prévention du cancer du sein

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

Depuis 2004, le programme de dépistage organisé du cancer du sein s'adresse aux femmes âgées de 50 à 74 ans, présentant un risque moyen, c'est-à-dire sans symptôme apparent ni facteur de risque particulier.

L'opération Octobre rose nous rappelle chaque année que la lutte contre le cancer du sein constitue une priorité. C'est en effet le cancer le plus fréquent en France et il représente la première cause de décès par cancer chez la femme. Le programme national de dépistage vise à détecter ce cancer à un stade précoce. À cet égard, j'adresse mes remerciements et mes félicitations à tous les professionnels et bénévoles mobilisés chaque année.

Toutefois, en Charente-Maritime, le taux de participation s'est établi à 48 % en 2022, loin – très loin – des objectifs nationaux, fixés à 70 %. Ces chiffres peuvent s'expliquer en partie par l'impact du covid, mais ce facteur est loin d'être le seul.

Si ce résultat est insuffisant, c'est parce qu'il est extrêmement difficile d'obtenir un rendez-vous. Dans mon territoire, les délais s'allongent de manière déraisonnable. Anormalement longs, ils obligent certaines femmes habitant La Rochelle à se rendre jusqu'à Bordeaux si elles veulent obtenir un rendez-vous dans des délais décents.

Le délai moyen entre le premier appel de la patiente et le rendez-vous est de six à sept mois. Il faut souvent passer plusieurs appels car les calendriers ne sont pas disponibles. Cette difficulté à obtenir un rendez-vous peut constituer un frein pour certaines femmes.

Les cas de cancer du sein sont en augmentation constante depuis 2010. On s'attend à ce que le nombre de nouveaux cas s'établisse à environ 61 000 en 2023. Dans l'intérêt de toutes les femmes à qui un cancer sera détecté dans les prochains mois ou les prochaines années, nous ne pouvons pas en rester là. La situation, très préoccupante, doit nous alerter ; l'ensemble du comité de pilotage de la prévention du cancer du sein doit se mobiliser. Si le taux de participation atteignait 70 %, près de 1 000 cancers du sein supplémentaires pourraient être détectés et soignés.

« La mammographie est une chance », écrit l'État pour promouvoir son action. Encore faut-il que les intéressées aient la possibilité, sinon la chance, d'en bénéficier rapidement. Quelles mesures peuvent être envisagées pour réduire de façon drastique les délais d'obtention d'un rendez-vous pour une mammographie, non seulement en Charente-Maritime, mais aussi à l'échelle du territoire national ?

1 commentaire :

Le 09/02/2024 à 14:45, laurent perron a dit :

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Bonjour, nous nous sommes rencontrés à trois reprises en 2015, 2017 et 2020. Déjà nous vous avions alerté sur le manque de prise en charge des patientes en cancer du sein en Charente-Maritime. La prévention par la mammographie est nécessaire, mais en aucun cas suffisante.

La prévention repose essentiellement sur une approche pluridisciplinaire (diététique, activité physique ciblée, gestion du stress par des techniques validées par l’Académie de médecine). Contrairement à des villes - pour les plus vertueuses comme Biarritz, Lille, Strasbourg, Paris - La Rochelle ne propose aucun dispositif dédié. Depuis 10 ans que nous travaillons en cancérologie, nous constatons un nombre croissant et très préoccupante de cancers du sein touchant de très jeunes femmes (moins de 40 ans) Ces cancers souvent triple négatifs sont particulièrement agressifs et exigent la prise en charge par une équipe pluridisciplinaire. À ce titre l’ISCM fait un travail remarquable, mais n’arrive qu’à prendre en charge environ 400 patientes par an. Notons que certains des traitements pour les patientes triple négatif ou métastase coûtent près de 200 000 €/an par patiente, il n’y a aucune rémunération prévue pour tous les soins de support alors même que l’ONAPS, l’OMS, l’HAS démontrent leur efficacité en complément des traitements médicamenteux. Un soin de support c’est 500€/ an… La médecine intégrative c’est moins d’effets secondaires, un retour plus rapide à la vie, la possibilité de reprendre une activité dans de bonnes conditions, moins de récidives, etc.

En suivi : Nous sommes l’un des seuls départements en France à ne pas rémunérer les soins de supports ( (dispositif Prescrimouv) ce qui conduit à des prises en charge inadaptées.

En après-cancer : aucune action n’est menée pour soutenir les patients en phase 3. Ce sont les personnes en rémission qui dans 80 % des cas doivent suivre un traitement en hormonothérapie durant 5 à 10 ans. Les effets secondaires sont parfois délétères.

Par avance merci

Cordialement

Laurent Perron - 06 82 83 44 15

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