Intervention de Sébastien Peytavie

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2024 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Peytavie :

Pourtant, aujourd'hui, alors que les budgets de l'éducation nationale sont essorés par l'austérité budgétaire et les enseignants fatigués et mal récompensés, comment dégager du temps et des financements pour organiser des sorties scolaires ? Trop souvent, les enfants ne font plus de sorties parce que le coût est trop élevé, l'organisation trop compliquée, les personnels surchargés. La classe de découverte passe à la trappe. Trop souvent, on cloisonne, on empêche, au lieu d'ouvrir les horizons.

En 2004, déjà, le rapport de Mme Béatrice Pavy regrettait une diminution drastique du nombre de classes de découverte organisées chaque année. Vingt ans après, trop d'enfants de notre pays n'ont toujours pas l'occasion d'imaginer ni de découvrir les riches écosystèmes et biens patrimoniaux qui sont parfois à quelques kilomètres de chez eux.

Un budget de 3 millions d'euros seulement a été inscrit au projet de loi de finances 2024, représentant une aide de 2,50 euros par famille aidée, ce qui laisserait un reste à charge bien trop important pour garantir que chaque enfant bénéficie d'un séjour durant sa scolarité à l'école primaire. Or notre devoir est de garantir à chaque enfant scolarisé dans notre pays la possibilité d'un voyage durant son cycle primaire et de tendre vers un objectif d'un voyage par cycle scolaire en différentes saisons. C'est pourquoi nous, écologistes, avons proposé de doter le fonds d'aide aux voyages scolaires pas de 3 millions mais de 50 millions d'euros. C'est pourquoi nous avons soutenu les classes d'automne, trop souvent entravées du fait des difficultés inhérentes à leur organisation, alors qu'il s'agit d'une période idéale pour créer de la cohésion et des liens dans une classe. C'est enfin pourquoi nous souhaitons que ce fonds soit fléché vers les établissements publics. En effet, d'après l'Observatoire des inégalités, les établissements privés accueillent plus d'élèves favorisés que les établissements publics. Pour contribuer à rétablir l'égalité des chances, les établissements publics doivent bénéficier en priorité de cette aide à l'organisation de classes de découverte, et ce, quel que soit le nombre de nuitées.

Tel est le cap que se fixe notre groupe. Nous espérons qu'il puisse être partagé car, malgré une intention louable, nous n'y sommes pas tout à fait. Alors que certains dessinent dangereusement deux France irréconciliables et que la fracture territoriale s'accroît, nous avons peine à comprendre votre manque de volonté pour favoriser des séjours communs entre les classes de jeunes issus de territoires urbains et de territoires ruraux ou prioritaires. À rebours de ceux qui pensent que ranger les enfants dans des cases par niveaux et leur faire porter un uniforme les aidera dans la vie, nous pensons que l'école doit jouer un rôle émancipateur en luttant contre les assignations subies par de trop nombreux enfants – tantôt ploucs, tantôt péquenauds ; nous souhaitons renforcer notre communauté de destin, la communauté nationale. « La ruralité, dans un souci de cohésion nationale, peut contribuer à la politique de la ville », nous dit Fanny Lacroix, vice-présidente de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).

Si nous regrettons fortement le manque d'ambition financière de la proposition de loi et dénonçons le recours au pacte enseignant comme seul moyen de récompenser les personnels de l'éducation nationale qui s'engagent dans ces projets, nous voterons tout de même pour ce texte dans l'intérêt des enfants, à qui nous souhaitons de s'ouvrir au monde à travers des classes de découverte inoubliables.

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