Intervention de Pierre-Henri Dumont

Réunion du mercredi 31 janvier 2024 à 15h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Au nom des Républicains, je souhaite remercier Madame la rapporteure pour sa présentation, qui va dans le bon sens. Le problème du loup devient majeur partout en France et en Europe. Dès 2012 nous l'avons soulevé au moment de l'arrivée naturelle du loup depuis l'Italie. Depuis, son aire géographique s'est étendue à l'ensemble de nos départements. Le nombre de loups a doublé en France entre 2018 et 2023, en passant à 1 104 spécimens recensés. 53 départements sont désormais concernés contre 38 en 2018. Les conséquences sur les troupeaux se sont aggravées puisque 58 000 animaux ont été tués depuis 2018. Un rapport sénatorial publié en 2018 par le sénateur Cyril Pellevat avait démontré qu'une hausse du nombre de loups correspond à une biodiversité moindre pour les autres espèces.

Je voudrais revenir sur les propos de notre collègue Danielle Simonnet. En effet peut-être que les loups n'attaquent pas les êtres humains mais les patous le font. Plus on a recours aux patous pour protéger les élevages plus on se retrouve dans des situations à risque notamment pour les enfants ou les randonneurs.

Tous ces points nécessitent de réduire le statut de protection du loup et de renforcer les efforts visant à réguler la population du loup en France et en Europe. L'enjeu, vous l'avez dit, semble la révision de la convention de Berne afin de déclasser le loup d'espèce « strictement protégée » à « protégée » permettant une gestion de type cynégétique. La Commission européenne a présenté en décembre 2023 une proposition de décision du Conseil visant cet objectif. Je salue l'influence du groupe PPE sur cette proposition à laquelle doit désormais se rallier une majorité d'États.

J'insiste également sur la situation dans notre pays. Le gouvernement a fait adopter, vous l'avez dit, un Plan national d'action 2024-2029 qui laisse les éleveurs sur leur faim. Des mesures de protection comme les tirs d'effarouchement et de prélèvement ainsi qu'une hausse de l'indemnisation auraient été nécessaires notamment pour les élevages ovins. Il faudrait également faire évoluer les méthodes de comptage et inscrire dans le Plan national d'action les derniers chiffres plus réalistes établis par l'OFB.

Le gouvernement semble hésitant à proposer ce déclassement du statut de protection du loup. Nous reprenons les propos de la Secrétaire d'État Mme El Haïry estimant que la « viabilité de l'espèce est assurée mais pas sa viabilité génétique ». La balle est maintenant dans le camp du gouvernement français.

L'avis nous convient sur le fond et nous voterons en sa faveur. Deux points à rappeler pour conclure : notre pire ennemi est à l'intérieur, ce sont les associations de défense du loup qui demandent toujours plus de protection du prédateur et toujours moins de protection des élevages ; l'indemnisation des éleveurs doit non seulement passer par le ministère de l'Agriculture mais aussi par le Ministère de la transition écologique avec des dispositifs qui restent à inventer.

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