Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Que mes collègues qui croyaient au Ciel et ceux qui n'y croyaient pas cessent d'être de mauvaise foi en demandant à notre rapporteure d'embrasser l'ensemble des thématiques qui devraient être celles d'un projet de loi dont on sait qu'il est une coquille vide. Les défis auxquels les agriculteurs sont confrontés sont multiples : ils l'ont dit avec une voix claire et une colère épaisse ces derniers temps. Il s'agit de bâtir, avec une loi qui ne soit pas « molle » comme Egalim 1, Egalim 2 ou Egalim 3, des modes de construction des prix coercitifs ; de faire en sorte que les traités de libre-échange n'instaurent pas une concurrence libre et faussée, qui étouffe notre souveraineté alimentaire ; de s'intéresser à la répartition des marges ; et de travailler au renouvellement des générations, notamment. Le temps législatif d'une niche ne permet pas de faire tout cela.

La proposition de loi de notre collègue Marie Pochon a le mérite de mettre le Président de la République au pied du mur : à la surprise générale, peut-être même à celle de son ministre de l'agriculture, il a annoncé vouloir enfin écouter ses oppositions sur l'opportunité de réfléchir à des prix planchers.

En votant la proposition de loi, vous aurez l'occasion de concrétiser la promesse présidentielle. Le reste, on y travaillera dans la loi d'orientation agricole. J'espère que vous serez à nos côtés pour considérer qu'elle est une coquille vide, qu'il faudra remplir de plusieurs manières. Mais si, pour le Ceta, l'accord économique et commercial global, vous dites que ce n'est pas le moment, qu'il faut réfléchir et faire des études, vous laissez tomber aux oubliettes la promesse donnée aux agriculteurs. De même, concernant les prix planchers ou la répartition des marges, si vous dites qu'une mission gouvernementale y réfléchit et que vous ne comptez pas y toucher, avouez que vous voulez ne rien faire, que vous avez pleuré des larmes de crocodile au salon de l'agriculture… et rendez-vous au prochain salon ou à la prochaine colère des agriculteurs.

Nous soutiendrons la proposition de loi, même si elle est incomplète et imparfaite, car elle vise au moins à concrétiser un signal symbolique fort à l'égard du monde agricole, qui n'est pas dupe et regardera attentivement les uns et les autres pour voir comment ils répondent concrètement aux problèmes posés.

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