Intervention de Lisa Belluco

Réunion du mercredi 12 octobre 2022 à 17h50
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLisa Belluco :

L'eau est un bien commun et rien ne justifie qu'elle soit privatisée. La situation climatique, l'aggravation et la récurrence des sécheresses nécessitent que l'on gère les usages de l'eau de façon collective. Or, dans mon département, la proposition faite pour gérer ces usages consiste en une privatisation de la ressource, au bénéfice de quelques agriculteurs industriels qui épuisent nos terres et détruisent notre santé, et ce, dans le seul but d'acheter la paix, au détriment des générations présentes et futures.

À travers le préfet, l'État va ainsi obliger à la construction de trente mégabassines – ou réserves de substitution – dans le bassin du Clain, au bénéfice d'environ 153 irrigants, alors qu'il y en a 350 au total. Un protocole d'accord a été élaboré pour mettre tout le monde autour de la table mais, même dans sa seconde version, il ne satisfait ni la chambre d'agriculture, ni les associations, ni la fédération de pêche. L'instruction gouvernementale du 7 mai 2019 préconise d'accélérer l'élaboration de projets de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE). Dans la Vienne, aucun PTGE n'a été mis en œuvre.

Une minorité d'irrigants peut-elle accaparer la ressource en eau sans même que l'on évalue l'impact que cela aura sur la capacité à fournir de l'eau potable en été ? Nous nous sommes trouvés à deux doigts, cet été, en plusieurs endroits de la Vienne, de couper l'alimentation en eau potable pour les habitants, et la situation reste critique. Est-il normal que ces bassines privatisant l'eau soient financées pour plus de deux tiers par de l'argent public ? En effet, 42 % de leur coût doit être couvert par l'agence de l'eau Loire-Bretagne, alors même que les agences de l'eau manquent déjà de moyens pour assurer leurs missions.

Il est temps de mettre fin aux petits arrangements entre amis, temps de consacrer votre énergie à la protection et à la gestion de l'eau. Oui, les agriculteurs ont besoin d'aide, mais aidons-les vraiment à opérer leur transition agroécologique pour qu'ils puissent continuer à produire des aliments de qualité, au lieu de les maintenir dans leur dépendance à une agriculture mortifère, qui épuise et pollue notre bien commun : l'eau.

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