Intervention de Amiral Pierre Vandier

Réunion du jeudi 13 octobre 2022 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine :

Depuis cet été, le SMDM est opérationnel sur nos patrouilleurs de haute mer (PHM) de la classe A69. Ces bateaux, mis en service il y a près de 40 ans, ont bénéficié de deux améliorations intéressantes : une liaison de données tactiques de nouvelle génération, la liaison 22, et un drone. Cela a beaucoup motivé les équipages, qui ont pu constater qu'ils restaient dans le match et qu'ils recevaient des moyens supplémentaires jusqu'au bout.

Le programme SDAM est suivi par la DGA. Les essais réalisés sur une plateforme ont permis d'en montrer tout l'intérêt mais, au moment de passer sur une frégate, le système a connu des difficultés techniques. Ce programme sera examiné dans le cadre des travaux sur la loi de programmation militaire en vue d'assurer une convergence coût-performance-délai.

Le chef d'état-major des armées nous a demandé de participer à des missions de rassurance et de signalements stratégiques de l'Otan. Pendant les premiers mois du conflit ukrainien, l'armée de l'air a plutôt évolué dans les pays baltes et en Pologne, tandis que la marine agissait depuis la Méditerranée. Ensuite, à la demande du Cema, nous avons porté nos efforts dans le soutien des opérations de l'Otan, tant et si bien que le nombre de jours passés par nos bâtiments sous la bannière de l'Otan a été multiplié par 2,5 par rapport à 2021. Tout cela se fait sans préjudice des missions nationales : lorsque nous avons besoin d'un bateau pour ce type de missions, nous en informons l'Otan et nous récupérons alors le contrôle opérationnel du bâtiment. Le reste du temps, ce dernier est intégré dans la structure de contrôle de mission gérée depuis Northwood, où 40 marins participent à l'état-major de cette composante. Depuis deux ans, MARCOM s'efforce de rendre les forces navales beaucoup plus réactives et de mieux partager le renseignement.

J'en arrive à la dernière question, relative aux FDI. Mon principal combat, depuis deux ans, est de gérer l'évolution de nos bâtiments de surface selon une logique incrémentale.

Le jour de sa mise en service, un bateau est entièrement disponible, avec un excellent niveau opérationnel. Nous savons que ce bateau verra son potentiel technique décroître jusqu'à sa rénovation à mi-vie, au bout de quinze ans : on le remontera alors jusqu'à un certain niveau, en fonction de ses capacités et des crédits disponibles. Après cette rénovation, son potentiel technique diminuera à nouveau jusqu'à sa fin de vie. Avec cette façon de faire, le bateau n'aura pas été au plus haut niveau de performance pendant presque la moitié de sa vie. En passant à une logique incrémentale, nous voulons transposer à la marine la pratique remarquable du secteur aéronautique, où, comme le programme Rafale a su le faire, la plateforme et le système d'armes progressent à raison d'une évolution majeure tous les cinq ans. Stimulés par la technique des jumeaux numériques, nous allons pouvoir, avec le Centre Support de la Donnée Marine et les acteurs industriels, concevoir quasiment en continu des évolutions logicielles pour les bateaux, qui permettront d'améliorer la performance des capteurs, du système d'armes, et d'intégrer les évolutions en matière de combat collaboratif ainsi que des drones… Tout cela améliorera la rentabilité des crédits de défense et rendra moins risqués les développements initiaux des grandes plateformes.

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