Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 24 novembre 2022 à 9h00
Protéger et garantir le droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot, rapporteure de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

Comme l'a indiqué M. Balanant, l'amendement n° 276 est le fruit d'un travail transpartisan ; il propose une formulation positive, selon laquelle la loi garantit l'effectivité et l'égal accès au droit à l'IVG. J'entends déjà vos objections : non, nous n'inscrivons pas dans la Constitution un droit inconditionnel à l'interruption volontaire de grossesse, mais un droit encadré par la loi. La mention de l'effectivité et de l'égal accès renvoie notamment aux déserts médicaux et aux doubles clauses de conscience, qui pourraient entraver le droit des femmes à recourir à l'IVG. Elle permet également d'empêcher des régressions, en particulier de revenir sur la gratuité de l'acte – il n'est pas question que seules les femmes qui en ont les moyens puissent accéder à l'IVG. Il s'agit donc, en quelque sorte, d'une clause de non-régression du droit à l'IVG. Ce droit n'est pas pour autant inconditionnel, contrairement à ce que font croire les députés Les Républicains.

Jusqu'à présent, il était question de mentionner l'IVG à l'article 1er de la Constitution, qui régit les règles de base de notre communauté politique. En effet, les droits sexuels et reproductifs – en l'occurrence, ceux des femmes – sont aussi une question majeure d'égalité et de citoyenneté, et sont la condition même de la reproduction d'une communauté politique.

Néanmoins, les sous-amendements n° 588 et 655 , auxquels je suis favorable, tendent à inscrire cet article au titre VIII de la Constitution par la création d'un article 66-2. Cela faciliterait peut-être la recherche d'un accord avec le Sénat.

Enfin, j'annonce que je retirerai l'amendement n° 274 en raison des nombreux sous-amendements dont il fait l'objet. Consciente que cette proposition ne fait pas consensus, je regrette toutefois que le droit à la contraception ne soit pas constitutionnalisé. La délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes s'y était pourtant déclarée favorable.

Je rappelle qu'en Pologne, les attaques contre le droit à l'avortement se sont accompagnées de la restriction de l'accès à la pilule du lendemain. Ces deux sujets sont donc corrélés.

Je préfère néanmoins retirer l'amendement afin d'éviter l'obstruction parlementaire.

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