Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mercredi 5 avril 2023 à 9h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Si l'on en juge par ce qu'en dit la presse internationale, la gestion du maintien de l'ordre dans notre pays ces dernières semaines n'a pas choqué qu'à l'intérieur de nos frontières. Le Conseil de l'Europe et le rapporteur spécial de l'ONU se sont inquiétés d'un usage excessif de la force. Depuis l'utilisation du 49.3, on note un usage massif d'armes mutilantes et de techniques incompatibles entre elles – nasse et gaz lacrymogènes, par exemple – ainsi que des arrestations et des détentions abusives qui ont pour seul but de dissuader les manifestants d'exercer leurs droits. En effet, participer à une manifestation non déclarée n'est pas illégal. Il n'y a pas un seul pays en Europe où l'on a dénombré, au cours de la dernière décennie, autant de morts, de personnes dans le coma, éborgnées ou mutilées lors d'opérations de maintien de l'ordre. Gaz et grenades touchent les manifestants sans distinction, comme les coups de matraque : nous pouvons en témoigner, nous pouvons vous montrer des vidéos. La France est le seul pays d'Europe enregistrant autant de dégâts collatéraux.

Il y a donc un problème systémique que vous tentez de nier, soit par des mensonges, soit au travers d'un vocabulaire fourre-tout. C'est comme si vous mélangiez la NUPES et les Brigades rouges ! Vous confondez la crise sociale et la guerre. Vous utilisez le vocabulaire d'extrême droite, à l'instar de l'expression « terrorisme intellectuel », qui relève d'une stratégie dangereuse de dépolitisation des affrontements. Les gardiens de la paix, que vous aimez appeler fils et filles du peuple, ne devraient pas avoir pour mission de mater le peuple. Quand il y a des dérives, vous assurez qu'il y aura des enquêtes, mais ce que vous ne dites jamais, c'est combien les sanctions sont faibles. Ainsi, dans l'affaire du Burger King en 2021, la moitié des sanctions – quand il y en eut – furent de simples avertissements.

Monsieur le ministre, cherchez-vous à apaiser le pays, ou à glaner toujours plus de voix à droite pour vous assurer le destin que vous vous imaginez ?

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