Intervention de Pascale Boyer

Réunion du mercredi 31 janvier 2024 à 15h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascale Boyer, rapporteure :

Pour répondre à Mme Constance le Grip, vous avez raison, les éleveurs se trouvent en grande difficulté comme je l'ai déjà exposé dans mes propos liminaires. C'est ce qui justifie de faire évoluer le statut de protection du loup. Il faut évidemment s'appuyer sur les données scientifiques disponibles à l'échelle de l'Union européenne, qui détermineront si l'espèce est viable ou non. C'est la même démarche qui anime le nouveau plan national loup qui va être rendu public prochainement par le Président de la République.

Concernant votre question relative aux programmes LIFE, ils financent des expérimentations transfrontalières et des partages d'expérience en matière de coexistence avec le monde sauvage. Pour 2021-2027, un programme soutient des programmes mis en œuvre dans quatre pays : la France, l'Italie, l'Autriche et la Slovénie.

Pour répondre à Mme Annick Cousin, qui précise que le loup n'est pas encore arrivé sur son territoire, j'espère que cette situation perdurera. Toutefois, l'espèce est présente dans le Lot. Il a fallu du temps avant de pouvoir prélever une louve très agressive, responsable de nombreux dégâts.

Le chiffre de 1 124 loups correspond bien aux données de l'Office français de la biodiversité (OFB). En Italie, l'espèce compte 3 300 animaux et en Espagne 1 200. En France, malgré les tirs de prélèvement on constate clairement une évolution positive de la population, puisque l'espèce ne comptait en 2018 que 440 loups. Les conséquences d'une telle augmentation se traduisent par de nombreux dégâts dans les territoires colonisés ainsi que dans ceux en voie de colonisation.

Concernant les chasseurs, deux brigades de louveterie sont présentes sur le territoire français afin d'intervenir dans les situations les plus critiques. Les chasseurs peuvent donc également prêter main-forte si nécessaire. Concernant les chiens de protection. Il existe en France un réseau mis en place par l'Institut de l'Élevage, qui aide à sélectionner les espèces les plus efficaces pour agir dans les territoires colonisés. Une organisation existe bien, mais je partage votre point de vue, il faut la renforcer pour mettre en place une véritable filière des chiens de protection. Enfin il faut citer l'importance capitale des bergers qui jouent, en effet, un rôle essentiel dans la protection des troupeaux.

Au regard de ce que j'ai pu observer lors de mon déplacement à Rome, la France n'a pas à rougir de son organisation, même si la situation est perfectible. En Italie, un système très décentralisé ainsi qu'une absence de législation nationale autorisant les dérogations de tir, ne satisfait pas toujours les éleveurs. Nous avons mis en place un groupe national loup qui cherche à trouver un équilibre entre la protection des troupeaux et celle des loups. Le rôle de ce groupe national consiste à mettre autour de la table l'ensemble des parties prenantes afin d'établir un dialogue pour trouver un équilibre entre ceux qui souhaitent préserver l'agropastoralisme et les tenants de la vie sauvage.

Pour répondre à Mme Simonnet, nous pouvons vivre en harmonie avec la nature mais la nature c'est aussi la protection de l'activité humaine. L'agropastoralisme, par exemple, contribue à la préservation de la biodiversité et à la prévention des incendies de forêts.

Ce ne sont pas forcément les animaux les plus faibles qui sont attaqués mais parfois une grande partie du cheptel, soit d'importants investissements financiers et humains. L'augmentation de 2 % des attaques de loup représente, en valeur absolue, des pertes considérables pour les éleveurs.

Enfin, nous ne pouvons pas dire que les éleveurs sont des « tueurs de loups ». Les tirs autorisés par l'État sont calculés en fonction des prédateurs qui font le plus de dégâts sur les troupeaux. L'année dernière, le plafond des prélèvements autorisés n'a pas été atteint. Les tirs légaux de défense effectués au sein des territoires sont effectués de façon très réglementée.

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