Projet de loi de finances rectificative pour 2022 — Texte n° 17

Amendement N° CF129 (Irrecevable)

Publié le 9 juillet 2022 par : M. Acquaviva, M. Castellani, M. Charles de Courson.

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I. – A titre expérimental et pour une durée de cinq ans à compter du 1er septembre 2022, dans la collectivité de Corse, et dans les secteurs où la concurrence par les prix est limitée en raison de situations de monopole, de difficultés durables d’approvisionnement ou de structures de marché limitant le libre jeu de la concurrence, l’Assemblée de Corse, sur proposition du Conseil exécutif de Corse, peut règlementer les prix par délibération, après consultation de l’Autorité de la concurrence.

II. – La perte de recettes pour l’État est compensée à due concurrence par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

III. – La perte de recettes pour les collectivités territoriales est compensée à due concurrence par la majoration de la dotation globale de fonctionnement et, corrélativement pour l’État, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

Exposé sommaire :

Depuis plusieurs mois, la Corse, connaît une tendance haussière du prix des carburants, encore plus importante que celle enregistrée sur le continent. Elle s’est particulièrement accélérée depuis le mois d’octobre 2021 jusqu’à dépasser largement les 2 euros à partir de mars 2022 au déclenchement du conflit en Ukraine. La remise financée par l’État en avril 2022 n’a pas suffit et la tendance haussière s’est poursuivie jusqu’à ce jour où les prix ont à nouveau dépassé les 2 euros. Ainsi, la Corse enregistre des écarts de prix de l’ordre de 9 à 12 centimes le litre de plus, respectivement pour le SP 95 et le gazole, que sur le continent.

Dans son avis daté du 17 novembre 2020, l’Autorité de la Concurrence a estimé que la Corse faisait l’objet d’une situation de monopole en ce qui concerne le stockage et l’approvisionnement des carburants, nécessitant notamment la mise en œuvre d’une régulation des prix pour remédier aux

dysfonctionnements du marché des carburants sur l’île, comme le permet l’article L 410‑2 du code du commerce.

Outre l’aspect conjoncturel décrit précédemment, c’est bien la structure du marché insulaire des carburants en elle-même qui est bien en cause dans la cherté des carburants constatée en Corse et qui impacte largement le budget des ménages corses (étroitesse du marché, faible démographie, besoin de la voiture pour se déplacer domicile-travail, temps de trajet longs en zone de montagne...). A cela, il faut noter par ailleurs que le taux de précarité en Corse est supérieur aux régions continentales (en 2018, 18,5 % des ménages corses vivent sous le seuil de pauvreté, soit quatre points de plus qu’en France hors région parisienne).

Cependant, malgré l’avis de l’Autorité de la concurrence, les délibérations de l’Assemblée de Corse en octobre 2021 puis en juin 2022, ou encore la mobilisation de différents collectifs contre la cherté des carburants en Corse, le Gouvernement n’a jamais activé l’article L 410‑2 du code du commerce, lui permettant de réglementer les prix des carburants sur l’île, lorsque des situations de monopole sont constatées.

En cette absence de volonté politique manifeste de la part de l’État, cet amendement propose, à titre expérimental, de conférer à la collectivité de Corse les pouvoirs dévolus au Gouvernement à l’article L410‑2 du code du commerce.

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