Je remercie le groupe LIOT, qui est à l'initiative de ce débat, et qui compte en son sein le plus grand nombre de députés ultramarins – après le groupe GDR, bien sûr. Je souhaite vous alerter sur la situation des seniors en outre-mer. Elle est encore plus problématique que dans l'Hexagone. À La Réunion, territoire où je suis élue, les seniors restent plus longtemps au chômage, souvent de très longue durée : 43 % d'entre eux y sont inscrits depuis trois ans ou plus. Ils sont trois fois moins nombreux que les moins de 50 ans à accéder à une formation, et deux fois moins nombreux à reprendre un emploi. Parmi les demandeurs d'emploi seniors pour lesquels un ...
La tribune m'est offerte, j'en profite ! Emmanuel Macron a annoncé un congé de naissance mieux rémunéré, mais plus court, limité à six mois. Qu'en sera-t-il pour les familles monoparentales ? Que ce congé soit mieux rémunéré, c'est tant mieux : cela faisait partie des recommandations du rapport d'information sur les stéréotypes de genre que j'avais réalisé en 2021, avec notre ancien collègue Gaël Le Bohec. En revanche, qu'il soit plus court, alors qu'il n'y a pas assez de places en crèche, n'est-ce pas pousser les mamans solos à la démission ? Par ailleurs, qu'en sera-t-il de leur indemnisation, de leur droit au chômage, et donc de leur précarisation ? ...
Et les associations ?
Je souhaite aborder la précarisation des travailleurs qui accompagnent les familles monoparentales. Comme Marine Malberg l'a indiqué, « des précaires accompagnent des précaires », ce secteur d'activité étant très peu considéré en raison de sa féminisation. Il faut s'attaquer d'urgence à ce problème et garantir une meilleure rémunération à ces travailleurs sociaux, dont on manque aujourd'hui. Se pose également la question des coupes budgétaires dans les subventions aux associations : celles-ci ne peuvent plus prendre en charge ni accompagner les femmes isolées avec leurs enfants. Comment leur redonner des moyens, et ainsi favoriser les actions d'aller vers ? ...
La monoparentalité est désormais un modèle familial incontournable : une famille française sur quatre est monoparentale ; dans 82 % des cas – 97 % à La Réunion –, le parent est une femme. Ce modèle familial est plus représenté dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et dans les outre-mer. D'après les chiffres de 2023, il représente 25 % des familles dans l'Hexagone, 36 % à La Réunion et 59 % en Martinique. Absence de statut spécifique, prestations sociales insuffisantes, fiscalité inadaptée : le statut des mères seules est particulièrement précaire, sans parler des difficultés qu'elles rencontrent pour faire garder leur enfant, ...
Au XVIe siècle, un édit publié par le roi Henri II obligeait les femmes célibataires et enceintes à déclarer leur grossesse. À défaut, elles encouraient la flagellation, le bannissement, voire la peine de mort. Cela fait écho à vos propos, monsieur Malbert. Fort heureusement, elles n'encourent plus la peine de mort aujourd'hui, mais les discriminations qu'elles subissent demeurent. La famille monoparentale, bien qu'appréhendée par le droit social et fiscal sous différents angles, parfois sous la dénomination de « parent isolé », ne renvoie à aucune catégorie juridique. Notre société ne prend en considération que le statut monétaire des familles, en ...
On n'est pas du tout dans la caricature, tout va bien !
Par ailleurs, les produits alimentaires consommés outre-mer sont plus sucrés, ce qui cause des problèmes de santé majeurs. À La Réunion, par exemple, le déséquilibre alimentaire est responsable du surpoids ou de l'obésité de près de la moitié de la population. De même, la prise en charge des diabètes de type 1 et 2 est deux fois plus importante dans ce département que dans le reste du territoire national : 10 % de la population et 35 % des plus de 65 ans sont concernés, selon l'Agence régionale de santé de La Réunion. Il s'agit bien de répondre à une urgence sociale ; nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre plus longtemps. Dans nos territoires, les ...
…la vie y est en moyenne plus chère de 20 % à 30 %. Le versement d'une prime alimentation exceptionnelle, en particulier dans les territoires ultramarins, apparaît donc comme une première étape essentielle. Force est de constater que le bouclier qualité prix – nous en avons parlé tout à l'heure, monsieur Kasbarian – n'est pas suffisant.
Nous proposons que le Gouvernement remette au Parlement un rapport sur l'opportunité d'indexer sur l'inflation, dans les outre-mer, la prime alimentation exceptionnelle prévue à l'article 1er . Non seulement nos territoires détiennent de tristes records, qu'il s'agisse du taux de pauvreté, du chômage ou de la précarité, mais le coût de la vie y est sans commune mesure avec ce qu'il est dans l'Hexagone :…
Il vient de changer !
Les inégalités entre filles et garçons au niveau de l'apprentissage des mathématiques ne cessent de se creuser au fil de la scolarité, avec comme point culminant les études supérieures. Les filles n'étaient en effet que 30 % à présenter la spécialité « mathématiques » au baccalauréat en 2022, contre 54 % des garçons. Elles sont ensuite très minoritaires dans les formations liées aux mathématiques, alors qu'elles représentent 55 % des inscrits dans l'enseignement supérieur. Quelle en est la cause ? Nous disposons désormais de données scientifiques, notamment grâce à une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined), publiée en ...
« Le savant n'est pas l'homme qui fournit les vraies réponses, c'est celui qui pose les vraies questions », disait Claude Lévi-Strauss. Ce soir, nos collègues du groupe Socialistes et apparentés ont soulevé une vraie question ! En effet, comment « contrer le recul de la culture scientifique à l'école, au sein de l'État et dans nos politiques publiques » ? Je ne prétends pas ce soir apporter une réponse complète à cette interrogation, mais je soulèverai d'autres questions qui en découlent. La culture scientifique doit irriguer l'éducation des élèves dès le plus jeune âge. Il ne s'agit pas seulement de leur enseigner les matières scolaires, mais de les ...
Nous devons envoyer un message fort. Les plateformes se distinguent de la presse écrite. C'est du régime applicable à la télévision et au cinéma que doivent se rapprocher les règles relatives aux influenceurs, car il y a beaucoup plus de similarités entre ces différents supports.
Dans mon territoire, les trois quarts des violences se déroulent sur fond de consommation d'alcool. C'est un grand problème.
L'égalité entre les différents canaux de diffusion sera ainsi rompue. Je le répète, les enjeux sont de taille.
Si nos amendements sont rejetés, les influenceurs seront les seuls à être autorisés à diffuser des contenus ayant pour but de promouvoir l'alcool alors que toute publicité en ce sens est interdite à la télévision et au cinéma.
Tout à fait !
Il l'exclut !
Conscients de l'importance de valoriser le patrimoine et les savoir-faire œnologiques, ainsi que des difficultés auxquelles est actuellement confrontée la viticulture française, nous proposons une dérogation pour les influenceurs spécialisés qui travaillent pour des marques disposant d'une appellation d'origine contrôlée (AOC) ou d'une appellation d'origine protégée (AOP) ainsi que pour ceux qui publient de l'information œnotouristique. Cependant, partant du constat que nous partageons tous la volonté de prévenir l'alcoolisme et de protéger nos jeunes, il est nécessaire que nous adressions un message fort dans ce domaine en alignant les modalités de mise en ...
Cet amendement, travaillé avec l'association Addictions France, vise à clarifier un point essentiel : l'encadrement de la promotion de l'alcool par les influenceurs. Si l'article 2 A précise que les influenceurs sont soumis aux restrictions du code de la santé publique, il n'interdit pas pour autant la publicité des produits alcoolisés. Le droit existant autorise en effet la publicité pour l'alcool sur internet, sauf si le programme est principalement destiné à la jeunesse – comme c'est le cas pour la presse écrite. Il serait donc facile, pour n'importe quel influenceur, d'arguer du fait que le contenu est destiné à un public majeur et que, parmi ses abonnés, la ...
Le manque de transparence des données disponibles rend nécessaire l'élaboration d'un document spécifique qui permettra une meilleure orientation des politiques publiques à l'égard des populations ultramarines françaises.
Je termine, madame la présidente.
À toutes les difficultés rencontrées par les parents d'enfants malades, il faut ajouter certaines inégalités territoriales dont il aurait été important de tenir compte dans la proposition de loi. Vous connaissez mon combat pour la reconnaissance des spécificités des territoires d'outre-mer. Une fois encore, il nous faut malheureusement insister pour que soit évoqué l'effet multiplicateur de l'éloignement sur la situation des familles qui y habitent. C'est pourquoi nous demandons légitimement la rédaction d'un rapport relatif aux difficultés rencontrées par les parents d'enfants malades ultramarins, notamment ceux dont l'accès aux soins nécessite une ...
Dans ce cas, je retire mes amendements.
Ils s'attachent à la signification du terme « particulière gravité ». Cette expression figurant à la fin du titre de la proposition de loi, nous ne savons pas avec certitude si elle s'applique seulement à l'accident, ou également à la maladie et au handicap. Il me semble donc nécessaire de clarifier ce point. La protection des familles suppose en outre une définition claire des termes de la loi. Nous demandons donc que soient précisés par décret les types d'accident, de maladie ou de handicap – et les conséquences associées – qui permettront aux familles de bénéficier des mesures de protection prévues dans la proposition de loi. Le titre a été modifié ...
Nombreuses sont les familles qui doivent affronter la maladie d'un enfant et assurer auprès de lui une présence plus importante – car, ne l'oublions pas : lorsqu'un enfant est malade, c'est toute une famille qui est touchée. « Je suis semblable au père d'un enfant malade, qui marche dans la foule à petits pas. Il porte en lui le grand silence de sa maison » : cette phrase de Saint-Exupéry prend tout son sens dans le présent débat et illustre parfaitement la terrible situation rencontrée par ces familles. Certains parents quittent tout pour s'occuper de leur enfant, qu'il s'agisse de leur vie professionnelle ou de leur vie sociale. D'autres tentent de trouver des ...
En inscrivant cette proposition de loi dans sa niche parlementaire, le groupe Horizons et apparentés pointe un sujet majeur, sur lequel il est temps d'avancer : l'usage par les mineurs d'internet et des réseaux sociaux. Nous sommes tous et toutes conscients des conséquences sur les enfants et de la nécessité de mieux encadrer les plateformes, d'accompagner les parents et de lutter contre le fléau du cyberharcèlement. Comme l'ont souligné M. le rapporteur et plusieurs groupes en commission, la nécessité de légiférer en la matière se heurte à plusieurs limites ; toutefois, cela ne doit pas servir de prétexte à l'inaction et à la procrastination. Qui ne veut rien ...
Ouvrez vos chakras !
Merci de revenir dans le monde réel.
Je souhaite répondre à nos collègues du Rassemblement national et à M. Le Fur, qui a interpellé les membres du groupe GDR – NUPES. Pour rappel, nous sommes au XXIe siècle, nous ne sommes plus en 1945.
Plutôt que d'ajouter un énième outil inopérant tel que l'index seniors – c'est pourquoi nous sommes pour sa suppression – il faudrait adapter la réforme selon les territoires, comme l'a évoqué M. Turquois tout à l'heure et comme nous l'avons fait pour la réforme de l'assurance chômage, qui n'est pas appliquée dans les outre-mer. À La Réunion, le territoire que je connais le mieux, le chômage des seniors est plus durable ; il est même souvent de très longue durée – 43 % des seniors y sont inscrits depuis trois ans ou plus. Les seniors y sont trois fois moins nombreux que les moins de 50 ans à accéder à une formation et deux fois moins nombreux à ...
Ce ne sont pas des amendements identiques !
Je souhaite réagir aux propos qui viennent d'être tenus. Certes, les fausses accusations existent, mais elles sont très marginales. Et au nom de cette infime partie, nous refuserions de protéger des enfants ? Il nous faut choisir le moindre mal ; le moindre mal, c'est de protéger le plus grand nombre d'enfants possible. Ne nous cherchons pas d'excuses, trouvons plutôt des moyens !
Chers collègues, nous avons le devoir d'adopter cette proposition de loi, dont l'article 2 tend à rendre automatique le retrait de l'autorité parentale en cas de condamnation du parent en tant qu'auteur, co-auteur ou complice d'inceste ou de crime commis sur la personne de l'enfant, sauf décision contraire et motivée du juge. En effet, aussi étonnant soit-il, la garde et l'autorité parentale ne sont actuellement pas automatiquement suspendues en cas d'inceste. L'enfant n'est pas un simple dommage collatéral : il traverse ces violences au son et dans la douleur des coups qui rythment son quotidien. L'enfant est et sera toujours victime ou co-victime des violences ...
…sont nécessaires. Chers collègues, nous avons le devoir d'adopter cette proposition de loi, dont l'article 1er étend les conditions de suspension de l'autorité parentale et des droits de visite et d'hébergement du parent poursuivi ou condamné pour des violences sur l'autre parent ayant provoqué une incapacité totale de travail de plus de huit jours, ou lorsque l'enfant a assisté aux faits, et ce jusqu'à la décision du juge aux affaires familiales. Il y va de notre responsabilité de remettre en question le droit actuel, qui place de nombreux parents séparés suite à des violences face à un cas de conscience : laisser leur enfant au parent violent dans le cadre ...
Déjà, en 1919, le pédiatre Janusz Korczak posait des bases solides en affirmant : « L'enfant a le droit au respect de sa dignité et de son amour-propre, ne pas piétiner, ne pas humilier […], laisser vivre sans décourager, ni brusquer, ni presser. Du respect pour chaque minute qui passe. » Ces bases-là sont celles d'une éducation saine, sans mépris ni violence. Ces bases-là, nous ne les avons pas encore. Chaque jour, à La Réunion, sept enfants en moyenne sont identifiés par la cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) comme étant en danger. Depuis 2019, les signalements directs ont augmenté de 60 % et le nombre de saisines du parquet par la ...
Nos concitoyens ultramarins peinent à accepter les paroles moralisatrices d'un gouvernement qui, lorsque nous demandons le droit à la différence, nous reprend en proclamant haut et fort le principe d'égalité avec l'Hexagone ; mais qui, en même temps, lorsque nous demandons à bénéficier d'une égalité de revenus, de prix et de traitement, justifie la différence que nous subissons par notre éloignement. Je rappelle que, hors inflation, les prix des produits alimentaires à La Réunion sont supérieurs de 28 % à ceux pratiqués dans l'Hexagone. La France ne serait-elle pas si « une et indivisible » qu'on le prétend ? N'avons-nous d'endémique que notre pauvreté ...
Le chanteur Thierry Gauliris, du groupe Baster, disait, dans le morceau Mon Liberté : « Quan moin l'été ptit, Moin l'été misére. Zordi, moin lé chomére » – « Quand j'étais petit, Je vivais dans la misère. Aujourd'hui, je suis chômeur. » Cet état de fait, chanté en 1993, reste largement d'actualité aujourd'hui à La Réunion. Il est très facile de demander aux Ultramarins d'aimer la République, alors même que celle-ci ne nous rend que très rarement l'amour que nous lui portons. J'appelle votre attention sur l'absence révélatrice de membres du Gouvernement : même s'il est vrai que leur présence au banc n'est pas obligatoire, ce choix dénote un ...
Alors, au lieu de vous attaquer à leur conquis sociaux, vous devriez au contraire lancer un plan d'investissement massif dans nos infrastructures productrices d'électricité, afin d'améliorer l'accès de nos concitoyens à ce service qui, on le voit, est malheureusement défaillant.
Les professionnels des industries électriques et gazières, comme les trois quarts des Français d'ailleurs, sont particulièrement mobilisés contre votre réforme. Ils l'ont montré dans la rue et le montreront encore samedi. Malgré les tentatives de décrédibilisation de ces salariés, nous restons pleinement solidaires de leur mouvement, et je le redis : les chiffres de la participation à la mobilisation sont à ce titre très éloquents. Les conquis sociaux dont nous parlons permettent d'attirer et de fidéliser dans une profession qui a également ses servitudes. L'un des aspects importants des régimes spéciaux est la prise en compte de la pénibilité et de ses ...
Les avantages des régimes spéciaux visent à compenser la pénibilité de la seule manière possible, c'est-à-dire grâce à un départ anticipé. Les comparer au régime général, dont les droits collectifs à la reconnaissance et la compensation de la pénibilité ont été réduits jusqu'à l'insignifiance, ce n'est pas sérieux. Il convient plutôt de s'en inspirer : leur histoire est celle de conquêtes sociales liées aux besoins de développement du pays et à la nécessité de fidéliser et de qualifier les salariés concernés. C'est dans le même esprit que nous souhaitons aujourd'hui redonner du sens au travail, rémunérer correctement les emplois et ...
L'équité, nous enseigne Aristote, est un principe de justice distributive, tandis que l'égalité est un principe de justice commutative. Les spécificités de certains métiers, plus pénibles que d'autres, justifient l'existence de régimes spéciaux. La création des régimes spéciaux était le signe précurseur d'une juste appréciation du travail et de son effet sur les travailleurs. Leur suppression, que vous présentez comme une avancée, constitue en fait un recul des droits sociaux.
Si l'égalité consiste à donner la même chose à tout le monde, l'équité consiste à donner à chacun en fonction de sa situation particulière. C'est pourquoi un député de Paris, par exemple, ne se voit pas allouer la même enveloppe pour ses transports qu'un député d'outre-mer. Nous sommes d'accord sur ce point, je pense.
J'ai entendu plusieurs intervenants associer les termes d'équité et d'égalité, ce qui m'amène à faire un rappel sémantique. Équité et égalité ne sont pas synonymes.